Pour terminer l'année 2012 sur une note encourageante et une bonne initiative pour la recherche en rééducation.
Le 29 novembre
dernier à l’occasion des « soirées de l’Ecole Nationale en Kinésithérapie
et Rééducation (ENKRE). », 3 intervenants ont présenté des travaux de
recherche en rééducation. A la suite de chaque exposé s’ensuivait un dialogue
initié sur le contenu méthodologique par 3 « discutants » qu’étaient le Pr Gagey, le Pr Pillu et le
Pr Péquignot. Le GERAR ne peut que promouvoir ce type d’initiative qui allie
recherche scientifique et pratique en rééducation.
Ces initiatives sont encore
trop peu fréquentes. Le directeur de l’ENKRE, Daniel Michon, voulait que cette
soirée puisse permettre aux rééducateurs de « co-porter avec le corps
médical un projet de recherche ». Un projet pédagogique initié dans cette
même école et encadré par le Pr Pillu à partir de 2013 pour les 2ème
année de formation initiale en masso-kinésithérapie va dans ce sens également
autour de « L’initiation à la recherche ».
Le premier intervenant fut Jean Pierre Bleton. Il présenta un
projet de soumission au PHRIP. Cet appel de fond d’investissement publique
a pour mission de couvrir tous les frais de recherche occasionnés par le plan
d’étude : heures de prise en charge hors temps de travail, équipe de
traitement statistique et gestion administrative,etc… Le projet d’étude de JP
Bleton porte sur la comparaison de deux techniques de rééducation appliquées
aux dystonies, ici la « crampe de l’écrivain » ; l’une porte sur la technique graphomotrice et l’autre sur la
sélectivité du mouvement chez ces patients. La méthodologie de cette étude est
la résultante de plusieurs études pilotes réalisées dans un temps prolongé ayant
subi un lissage au fur et à mesure des résultats de ces études préalables.
L’étude se propose d’être en simple insu, le double insu étant difficile à
mettre en œuvre dès lors qu’il s’agit d’une relation thérapeutique investie
d’une relation humaine cognitive et/physique sous-jacente. Le simple insu peut
provoquer un sentiment « d’abandon » du patient non traité par le
thérapeute. Toutefois, le Pr Péquignot proposait l’idée de développer un protocole
à priori équitable pour tous les patients avec entretien pour tout le monde par
exemple.
Ensuite il s’agirait de randomiser les patients une fois tous inclus
dans l’étude pour différencier les traitements, les patients seraient prévenu à
postériori. Cette méthode a le mérite de donner des outils d’évaluation
supplémentaire en terme qualitatif en plus de l’arsenal quantitatif
indispensable à une objectivation claire de l’étude. Cela ajouterait une
plus-value à l’étude et un caractère pluridisciplinaire non négligeable. Le Pr
Bleton insistait sur le fait qu’une étude scientifique doit être montée sans
qu’aucune ambiguité et qu’aucun biais puissent interférer dans la méthodologie.
Le long cheminement qui a abouti à l’élaboration de ce projet porte des garanties
du bon déroulement de l’étude et conclusions à apporter.
Pour cela la méthodologie doit être développée par plusieurs concepteurs
d’études pour avoir
une application multicentrique. Elle permettra une meilleure maitrise et
une expertise qui peut être issue de laboratoires référents dans le domaine.
Les deux
autres intervenants présentaient des résultats d’études réalisées dans le cadre
de master recherche, l’un portait sur la prise en compte de paramètres
spatio-temporels dans la marche d’enfants paralysés cérébraux et l’autre sur la
prise en charge en kinésithérapie respiratoire avec réalisation ou non de
fibroscopie bronchique. David MARTIN et Alex MOORE ont insisté sur la nécessité
de réaliser
une recherche bibiliographique approfondie au préalable. Cette phase de
recherche théorique constitue la base pour pouvoir développer une hypothèse et
son protocole d’étude associé. Soulignant que leurs études pilotes avaient une
puissance statistique à priori faible dans leur conclusion et leur portée d’interprétation,
ces références pourraient jouer un rôle d’argumentation des résultats et donner
une tendance d’interprétation de ces études préliminaires. Les
« discutants » ont encouragé ces deux chercheurs pour leurs
prochaines études à passer d’une étude univariée à une analyse multivariée. En
effet, le Pr Pillu soulevait l’évidence que chaque patient est spécifique et
différent. Partant de ce principe, il sera difficile de constituer un groupe de
sujets homogène qui permettrait une étude statistique.
Avis du GERAR :
Il est évident que les futurs physiothérapeutes ont
un panel de possibilités dans le champ de la recherche clinique. Ce qui peut
donner le vertige pour certains au premier abord mais également de l’ambition
pour d’autres. La prise en charge thérapeutique se
conçoit aujourd’hui en pluridisciplinarité et pas simplement autour du PMSI
cher aux gestionnaires des établissements de soin. En effet, l’efficacité et la
rentabilité du soin doivent passer par la cohésion entre les différents acteurs
du soin. Elle permet de mettre en valeur les spécificités de chacun d’une part
et d’autre part, les problématiques seront composées de la pertinence de
plusieurs points de vue. Cela donnera plus de crédibilité au même titre que les
études multicentriques.
Si la
formation initiale peut se trouver désemparée face aux problématiques en
recherche scientifique, les étudiants peuvent se rapprocher des sociétés
savantes en physiothérapie telles que la SFP et l’AFREK. Elles sont composées de
représentants devenus référents dans leur domaine respectif. Ces membres actifs
peuvent devenir des collaborateurs de qualité en termes de recherche
scientifique. Visiter leur site permettra aux « scientifiques en
herbe » de mesurer leur implication dans le champ de la recherche Ces
dernières années, plusieurs mouvements ont voulu voir le jour pour homogénéiser
ces pratiques sur la recherche clinique sans toutefois aboutir. Aujourd’hui
encore, des experts valorisent ces compétences spécifiques en faire-valoir
d’autres sans souligner une possible complémentarité. Cela ne sert pas la
pluridisciplinarité qui pourrait se valoir d’être interne à la
kinésithérapie et, espérons pour la pérennité de la science, externe à la
profession. Citons alors la SFP-APA qui
développe des champs de médecine physique tout aussi pertinents. Les instances
dirigeantes ainsi que les futurs physiothérapeutes porteront un regard averti
sur cette reconnaissance multidisciplinaire avec sa cohésion manifeste. La
mutualisation des savoirs en physiothérapie n’est malheureusement que pour
demain mais elle se construit dans le présent.
Avis à toutes
les bonnes volontés motivées…
…pour
partager ses connaissances.
NS.
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