25.12.13

Isocinétisme : Actualités et controverses. Retour des XVèmes rencontres Médimex. Part.2

   Après avoir développé l'intérêt d'une prise en charge en isocinétisme en chaine cinétique fermée en post-opératoire après plastie du ligament croisé antérieur, puis après rupture du tendon calcanéen dans un protocole excentrique de type Stanish, ou encore de l'influence de la flexion de hanche sur la force des ischios-jambiers.

   Ce deuxième billet développe un paramètre qui est souvent mis de côté lors des tests d'évaluations isocinétiques: La qualité de force relative. Cette présentation a été donnée par Jean Louis Croisier lors des XVèmes rencontres Médimex 2013.

Croisier JL – Qualité de force relative : paramètre sous exploité ??
   Tous les adeptes de l’isocinétisme savent décrypter les paramètres de moment de force maximal (MFM), de comparaison bilatérale, d’équilibre antagoniste sur agoniste grâce notamment aux ratios à 60°.sec-1 de la force des ischios-jambiers (IJ) en excentrique sur la force du quadriceps (Q) en concentrique (IJ-EXC/Q-CON). Mais la MFM rapporté à la masse corporelle (Kg) semble tirer son épingle du jeu. Après avoir détaillé son analyse concernant la reprise de l’activité sportive, car oui, le rapport antago/ago ne possède pas toujours de lien avec le risque lésionnel.
   Croisier JL instaure la valeur de 1 N.m.Kg-1 de force minimale pour être fonctionnelle lors d’un test isocinétique en mode concentrique à la vitesse de 60°sec pour le quadriceps. En deçà de cette valeur, la qualité de marche semble être compromise, pas au niveau de la commande centrale, mais surtout au niveau mécanique. Il s’avère alors qu’une personne sédentaire possède une force moyenne d’environ 2,5 n.m/kg au niveau du quadriceps, mais il existe une grande variabilité.

Avis du GERAR :
   Plusieurs remarques à la fin de cette présentation : Il semblerait que la force relative ne dépasse pas 4,5 N.m.kg-1, et de par sa définition le gain de force ou la perte de poids peut l’influencer, tout comme l’âge et le sexe. Prenons donc en compte ce paramètre comme un indice dans la progression et le suivi des patients/joueurs que nous avons en charge. L’analyse du membre inférieur controlatéral possède donc toute son importance lorsqu’il s’agit de force relative : Est-ce que le membre controlatéral est-il en bonne « santé » ?

   Il faut également faire attention aux calculs de la force relative qui prennent en compte la moyenne des valeurs du MFM sur chaque courbe. Prendre en compte donc le meilleur MFM et recalculer les valeurs manuellement. Les paramètres de force relative ne prennent pas en compte les qualités techniques des joueurs, c’est donc un paramètre à double tranchant.
Certains congressistes soulignent encore la difficulté que possèdent certains sujets dans la réalisation du test en concentrique à 60°.sec-1. Pourtant Croisier utilise cette vitesse pour l’indice de force relative. Est-ce que l’indice de force relative peut être corrélé à une vitesse plus importante ? Surement que oui. A confirmer avec l’auteur.


   Selon le tableau précédent, seul le sujet A possède un ratio antagoniste/agoniste à la vitesse de 60°.sec-1 compris dans la norme. Contrairement au sujet B qui possède un déséquilibre des IJ sur le Q, et le sujet C un déséquilibre du Q sur les IJ. La force relative nous indique plutôt que les sujets B et C possède une force du Q importante, et même trop importante peut être pour le sujet C, d’où le déséquilibre du ratio correspondant. Le sujet A possède plutôt une force relative très faible, largement en dessous de la valeur moyenne d’une personne sédentaire. Alors quel choix faire quant à la reprise du sportif blessé au niveau des membres inférieurs suivant ces données ? La reprise sportive est une problématique qui n’est pas encore résolue seulement par le ratio IJ/Q, ni par la force relative.

   Ces paramètres renseignent sur un état de force musculaire, considérons alors le sportif dans un ensemble bio-psycho-social, l’état de force musculaire est intéressante à objectiver, mais dans quel état de santé est-il sur le plan social (intégration au sein du groupe) et psychologique (confiance dans ses mouvements).


Avis du GERAR sur cette journée :
   La qualité des présentations est très hétérogène, mais ces présentations ont le mérite de toucher un spectre large du pratico-pratique à la recherche purement clinique.
Le débat de fin était intéressant : Jean-Louis Croisier compare l’appareil isocinétique à une formule 1, mais qui parfois est achetée par un club sportif mais sans pilote car bien souvent il y a peu d’évaluation et le suivi n’est pas réalisé correctement.

 L’intérêt et le manque qui se ressent c’est qu’il n’y a pas d’expert alloué pour la machine, faute d’arguments convaincants auprès des dirigeants et décideurs des fédérations. Il s’avère parfois quand dans certains centres de rééducation fonctionnelle c’est la même chose, la machine isocinétique prend la poussière et n’est utilisée que pour des évaluations. La faute aux prescripteurs ? Au manque de professionnels formés et motivés ? Au temps nécessaire pour la mise en place du sujet ?

   Qu’en pensez-vous ? Quel rapport avez vous avec votre "formule 1" ?

MV.

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