La question de la prescription de l'activité physique [AP]
est une question d'actualité. L'emploi du terme « prescription » pose
la responsabilité de l'inactivité physique sur les épaules des professionnels
de la santé et plus particulièrement des médecins. De nombreuses études ont
évalué l'efficacité du conseil à l'AP durant une consultation en médecine générale.
La majorité obtienne des effets modérés à court terme [1]. A la vue de ces résultats et du
problème de santé publique que représente le manque d'AP chez les enfants,
adultes, malades chroniques ou personnes âgées, de nombreux acteurs de la santé
s'interrogent sur le manque ou l'absence de promotion de l'AP par le personnel
médical [2,3].
Tous comportements de
santé confondus [tabac, alimentation, AP], le conseil spécifique à ces
comportements représente 42 secondes en moyenne du temps de la consultation
parmi des médecins américains [n = 4454] [4].
Plus spécifiquement, une étude brésilienne incluant 2120 sujets souligne que
71 % d'entre eux déclarent ne jamais avoir reçu de conseil ou prescription
d'AP de la part de leur médecin [5].
Un nombre croissant d'études quantitatives et qualitatives
ont tenté d'identifier les facteurs influençant la promotion de l'AP chez des
médecins, infirmières et internes [6,7].
Les facteurs influençant cette pratique peuvent être catégorisés comme
suit : organisationnels (e.g., type de consultation, remboursement, temps),
spécifiques aux professionnels de santé (e.g., spécialité, informés des
recommandations, croyances), et les caractéristiques des patients (e.g.,
adhérents au traitement, propension perçue au changement de comportement).
Parmi l'ensemble de ces facteurs identifiés, les habitudes
propres en terme d'AP des professionnels de santé expliquent le plus la
propension à la promotion de l'AP [6].
A titre d'exemple, une étude
québécoise chez 700 médecins généralistes a exploré les facteurs les incriminés dans le conseil à l'AP. La
pratique d’AP régulière des médecins est le facteur le plus explicatif. Les
facteurs identifiés par la suite étaient : une expérience médicale de plus
de neuf ans, être moins affectés par la surcharge de travail et un niveau élevé
d'efficacité personnelle élevé à la promotion de l'AP [9]. Ces résultats laissent à penser que
les interventions de formation ou d'information auprès des médecins dans un
objectif de promotion de l'AP ne pourraient avoir qu'un effet modéré à faible.
Pour compléter, une enquête américaine réalisée parmi 4501
médecins généralistes illustre l'impact de la quantité d'AP hebdomadaire sur la
fréquence de conseil à l'AP. Les auteurs comparaient le conseil à l'AP en
fonction de leur niveau d'AP personnel [mesuré par questionnaire[8]. Parmi les sujets interrogés,
41 % font état d'une AP équivalente ou supérieure aux recommandations (i.e.,
AP supérieure à 150 minutes par semaine). Lorsqu’on compare leur fréquence de
conseil à l'AP actifs versus non actifs, 22.8 % versus 16.4 %
conseillent l'AP à chaque visite de patient.
L'impact du niveau d'AP des professionnels de santé sur la
recommandation de l'AP a aussi été retrouvé pour des infirmières libérales, des
jeunes internes, des oncologues [10] et
des tabacologues. Au Royaume-Uni, une enquête auprès de 170 tabacologues
suggère que seulement 56 % d'entre eux promeuvent l'AP durant leur
consultation [11].
Même si ces résultats semblent sans surprise, ils sont assez
peu connus par les professionnels de la santé et les décideurs. De plus,
ceux-ci illustrent bien le décalage que l'on peut retrouver entre les
connaissances médicales portées par la médecine factuelle et les freins
endogènes à la mise en pratique des recommandations. La promotion de l'AP dans
le domaine de la prévention primaire, secondaire et tertiaire devrait à
l'avenir se baser sur une approche pluridisciplinaire prenant en compte les
caractéristiques des usagers et des professionnels de la santé. La mise en
réseau des professionnels de la santé avec des spécialistes de l'AP pour la
santé est la meilleure réponse à ce jour. L'initiative née au Royaume-Uni, l'Exercise
Referral Systems (ERS) fait l'objet d'un développement et d'évaluations
depuis plus de 10 ans. L’ERS est développé dans le but de construire des
partenariats entre la santé et le milieu de l’AP afin d’améliorer la prise en
charge des patients. Il est basé sur des preuves, l’expérience de
professionnels et sur des bonnes pratiques reconnues. L'ERS repose sur une
prise en charge systématiquement individualisée (et non individuelle) dans
laquelle il est nécessaire de pour le professionnel de santé : d'établir
un accord formel pour une sélection de patient, de fournir une évaluation de
celui-ci et d'identifier ses besoins spécifiques. Pour plus d'informations,
voir les références spécifiques au bas de l'article.
[1] Carroll JK,
Fiscella K, Epstein RM, Jean-Pierre P, Figueroa-Moseley C, Williams GC, et al.
Getting patients to exercise more: a systematic review of underserved
populations. J Fam Pract. mars 2008;57(3):170‑176, E1‑3, 1 p following E3. Accès
libre. [2] Maes L, Van Cauwenberghe E, Van Lippevelde W, Spittaels H, De
Pauw E, Oppert J-M, et al. Effectiveness of workplace interventions in Europe
promoting healthy eating: a systematic review. Eur J Public Health. oct 2012;22(5):677‑683.
Accès
libre [3] Van Sluijs EMF, Kriemler S, McMinn AM. The effect of community
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of reviews and updated systematic review. Br J Sports Med. sept 2011;45(11):914‑922.
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undervalued intervention. Lancet. 2 févr 2013;381(9864):356‑357. Accès
restreint [6] Fie S, Norman IJ, While AE. The relationship between
physicians’ and nurses’ personal physical activity habits and their
health-promotion practice: A systematic review. Health Educ J. 1 janv 2013;72(1):102‑119.
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libre. [10] Karvinen KH, DuBose KD, Carney B, Allison RR. Promotion of
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2010;8(1):35‑41. Accès libre [11] Everson E, Taylor AH, Ussher M.
Determinants of physical activity promotion by smoking cessation advisors as an
aid for quitting: support for the Transtheoretical Model. Patient Educ Couns.
janv 2010;78(1):53‑56. Accès libre
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