Les membres du GERAR ne
rencontrent pas souvent de patients ayant subi une plastie du ligament croisé
postérieur (LCP) du genou. Le GERAR se penche donc sur le cas du LCP en proposant
tout d’abord de revenir avec l’article
de Bowman Jr KF and coll [1] sur
l’anatomie, la physiologie de ce ligament et les interactions biomécaniques
qu’il possède avec les différentes structures présentes au sein de la face
postérieure du genou. Les lésions ligamentaires du genou sont fréquentes, surtout
au niveau du ligament croisé antérieur (LCA), mais qu’en est-il au niveau du
LCP ? L’équipe suisse du Menetrey J. [2]
a voulu souligner lors de la réunion annuelle de la société française d’arthroscopie en 2007, que les lésions du LCP sont certes moins importantes
que celles du LCA, mais semblent plus graves. Ils définissent sur quelques
pages les grades et éventuellement la conduite à tenir face à une lésion du
LCP.
Pour
reprendre les termes de nos célèbres ouvrages d’anatomie, le LCP s’insère à son extrémité proximal
sur le bord médial du condyle fémoral, il possède un trajet passant en arrière
du LCA afin d’atteindre son insertion distale en
postérieur de la fosse inter condylienne au niveau du tibia. Le LCP est
plus fin en milieu de substance et possède une longueur moyenne de 38mm pour
une largeur de 13mm. Tout comme le LCA, le
LCP possède 2 faisceaux solidaires et inséparables.
Le faisceau antérolatéral (FAL) est plus court que le faisceau posterolateral
(FPL). Le FPL aura tendance à s’étirer lors d’une flexion de genou, alors que
la longueur du FAL diminue entre 0 et 45° de flexion, et augmente entre 60 et
120° de flexion.
La face postérieure du
genou est constituée d’un ensemble de structures stabilisatrices statiques et
dynamiques dont font partie la capsule postérieure, le muscle poplité, le
ligament poplité fibulaire ainsi qu’une partie du ligament collatéral latéral. Il faut donc comprendre et considérer l’existence
de différentes interactions en lien avec le LCP et ces différentes structures.
La force tension et
l’orientation des fibres du LCP confère à celui-ci les moyens de jouer son rôle : limiter la translation tibiale postérieure
et secondairement être un stabilisateur de la rotation latérale. Le LCP
supporte des tensions maximales allant de 730 à 1627N en unidirectionnel. Il
s’avère que le FAL supporte des tensions plus importantes que le FPL.
Le LCP est plus large
et résistant que le LCA avec une coupe transversale de 120 à 180% supérieure au
LCA, la résistance principale se situe dans la portion du FAL, même si ces
constations se basent sur des études cadavériques et a fortiori sur des sujets âgés ; sous estimant par conséquent
la force de maintien du LCP chez des sujets plus jeunes.
Annoncé plus haut, le LCP limite le tiroir postérieur (TP),
c’est-à-dire la translation du tibia sous le fémur. Cette stabilité
postérieure est gérée à 95% par le LCP entre 30 et 90° de flexion de genou. Le
FAL semble posséder un rôle majeur dans cette stabilité entre 40 et 120° et
lorsque la flexion de genou est supérieure à 120°, le FPL semble prendre le
relais. Sachant que la plupart des mouvements sportifs se réalise à des
flexions de genou inférieures à 120°, le
FAL est plus largement sollicité pour freiner le TP. Lors de l’extension du
genou, le rôle du LCP diminue et il apparaît que la stabilité du genou est
gérée par les structures connexes au LCP.
Pour ce qui est du rôle
secondaire du LCP, limiter la rotation externe, il a été démontré que l’absence de LCP ne provoquait pas plus de
rotation externe. Il semble alors que le ligament poplité arqué et la
bandelette ilio-tibiale possèdent un rôle important dans la stabilité rotatoire
du genou en extension complète. Une
section isolée du LCP démontre un TP, sur cadavre, compris entre 9 et 14mm à
90° de flexion. Chez l’homme vivant, la présence d’une déficience du LCP, le TP
est compris entre 4,5 à 10mm lors d’un mouvement de squat maintenue à 70°, sachant
que ce TP augmente lorsque la flexion du squat augmente. Malgré ces résultats,
il ne se manifeste pas de différence dans la cinésiologie du genou lors
d’exercices de marches ou de montées d’escaliers par rapport au côté opposé. De
plus, la force du membre inférieur reste inchangée.
L’équipe de Menetrey J.
[2] assure que les lésions du LCP
sont graves lorsqu’il y a une rupture complète, et ces auteurs veulent marquer
l’importance des différences de diagnostics en présence d’une lésion du LCP.
D’un point de vue purement anatomique, une
lésion partielle du LCP se définit comme le maintien d’une substance ligamentaire, c’est-à-dire la présence de
quelques fibres qui peuvent encore
résister à certaines contraintes. Et entre les 2 faisceaux du LCP, c’est
bien le FAL qui est le plus souvent gravement touché. Il est considéré que le LCP est totalement rompu lorsque
qu’aucune fibre ne peut résister à l’application d’une force postérieure.
Les lésions combinées du LCP, considérées comme des lésions totales ou subtotales,
sont le plus souvent des lésions capsulo-ligamentaires postéro-externes et
externes, autrement dit : le point d’angle extero-externe est largement
touché lors de mouvements en valgus flexion rotation-externe.
La
définition de la nature de la lésion définira le plus précisément possible la
stratégie thérapeutique à adopter.
L’examen clinique, les mesures anthropométriques, les radiographies dynamiques
de stress et l’IRM sont des moyens intéressants pour définir le type de lésion
du LCP. La détermination du mécanisme lésionnel et l’examen clinique sont importants
afin de ne pas rater le diagnostic. Les auteurs continuent leur enseignement
sur les caractéristiques des tests cliniques à mettre en place en cas de doute
d’une lésion du LCP. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) reste un outil
fiable pour vérifier votre diagnostic clinique. Du contenu dense et bien fait
pour approfondir vos connaissances sur l’IRM se retrouvent sur internet sur le site
info-radiologie.ch et en particulier pour le
genou ici et une
présentation universitaire réalisée par le professeur Le Bas JF sur l’IRM. Quant
aux techniques arthrométriques (KT1000 par exemple), elles semblent moins
efficaces que les radiographies de stress pour mesurer avec précision une
laxité postérieure.
La classification des
lésions et les traitements proposés sont résumés dans le tableau suivant :
Classification en grades des lésions du LCP selon Menetrey and coll. [2] |
Avis
du GERAR :
Il apparait donc avec
l’analyse de ces articles, que le LCP possède deux rôles majeurs : limiter
la translation tibiale postérieure ainsi que la rotation latérale du genou.
Cependant, malgré une lésion partielle ou complète du LCP, la force des membres
inférieurs semblent inchangée et l’impact du TP et de l’instabilité rotatoire
n’affectent pas l’autonomie du patient. Il s’avère donc qu’il existe une
synergie musculo-ligamentaire en fonction de l’impact de la lésion traumatique.
De plus, Menetry J and al. [2]
indiquent que pour des grades I et II, des mesures conservatrices sont prises
pour traiter la lésion du LCP. Quelles sont-elles ? La chirurgie ne semble
être utilisée que lorsque les structures périphériques sont atteintes. Ce qui
donne encore plus d’importance aux structures de la face postérieure du genou
dans la gestion des instabilités dynamiques et statiques de genou chez des
personnes ayant une lésion partielle ou complète du LCP. L’examen clinique de
la face postérieure du genou et la synergie des structures connexes au LCP permet de mieux comprendre d’où proviennent les
instabilités, et choisir in fine le
traitement le plus adapté lorsqu’une ou plusieurs instabilités sont retrouvées.
Le LCP ne semble donc pas seul responsable de la stabilité du genou dans la translation tibiale postérieure et la rotation latérale. Les traitements conservateurs ne sont pas explicités, le GERAR se propose donc d’approfondir ces recherches pour découvrir quels sont ces mesures lors de lésion du LCP en grade 1 et 2.
Le LCP ne semble donc pas seul responsable de la stabilité du genou dans la translation tibiale postérieure et la rotation latérale. Les traitements conservateurs ne sont pas explicités, le GERAR se propose donc d’approfondir ces recherches pour découvrir quels sont ces mesures lors de lésion du LCP en grade 1 et 2.
Les articles de
chirurgie ne sont pas toujours simples à lire, cependant il est toujours
intéressant de s’y plonger afin de connaître la manière dont les praticiens
font leurs découvertes. Les études cadavériques sont privilégiées pour
approfondir les connaissances sur les structures ligamentaires. La
problématique des types de plastie est également traitée dans l’article de
Bowman Jr KF [1] mais un article spécifique leurs seront consacrées.
Pour les curieux, deux
sites très bien fait et dense en savoir, sur
la chirurgie du LCP part le Dr Rouxel Y que vous retrouverez ici, et le site de partage de connaissances
comme il l’annonce par le professeur Lerat JF.
MV.
[1] Bowman Jr KF,
Sekiya JK. Anatomy and biomechanics of the posterior cruciate
ligament and other ligaments of the knee. Oper
Tech Sports Med. 2009. 17 :126-34 –
accès
restreint
[2] Menetrey J,
Garavaglia G, Fritschy D. Les lésions du ligament croisé postérieur :
définition, classification et algorithme de traitement. Rev. Chir. Orthop.
2007. 93 : 5S70-3 – accès libre.
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