Après avoir rappelé que la médecine physique de
réadaptation se préoccupe de l’activité physique (AP) en tant que moyen mais
aussi en tant qu’objectif thérapeutique, l’équipe de Dijon souligne le fait que
l’AP apparaît encore comme une notion difficile à quantifier. Plusieurs scores
d’activité physique (SAP) ont été validés en langue anglaise. Les SAP en langue
française restent encore très rares et ne sont pas destinés à de larges
populations de sujets adultes. Il a été décidé de réaliser une étude prospective
pour mettre au point une SAP [1],
valider sa reproductibilité et rechercher des corrélations avec des paramètres
d’adaptation à l’effort chez les sujets âgés.
L’élaboration de ce score s’est fait à partir de
données bibliographiques, le groupe de travail composé de deux médecins
physiques de réadaptation, d’un cardiologue, de deux généralistes à spécialité
gériatrique, et de deux kinésithérapeutes spécialités reconditionnement à
l’effort (RAE) se veut multidisciplinaire. Ce groupe a décidé d’éditer un
questionnaire auto administrable. Privilégiant l’AP au travers des habitudes de
vies, la notion d’adaptation à l’effort a été mise au second plan (Illustration
du questionnaire). Concernant la population, ont été exclus tous les sujets pouvant
présenter une altération des capacités fonctionnelles. De plus, seuls étaient
retenus les sujets avec un Mini Mental Test de Folstein
supérieur à 24 et présentant des facultés de compréhension. La population
recrutée finalement nous donne donc 57 sujets, 77 ans d'âge moyen avec un IMC
moyen de 25 kg/m². Le questionnaire a été posé par un médecin une première fois
avant le test d’effort maximal et une deuxième fois, une semaine plus tard, avant
les 3 tests de marche composés du test de marche de 6 minutes, du test de
marche rapide de 200 mètres et du timed
up and go test. Une analyse statistique de corrélation et de
reproductibilité a été établie via les tests de Spearman et Pearson.
Les résultats de corrélation entre le questionnaire
de Dijon et les différents tests de marche ne sont pas très concluants.
L’équipe de recherche insiste tout de même dans leur discussion sur le fait
qu’il existe, de par la bibliographie [2],
une relation inverse entre le niveau d’AP et le risque d’événements
cardiovasculaires. Les chercheurs de Dijon reconnaissent toutefois méconnaître
les mécanismes de l’AP qui luttent contre ces maladies. Les facteurs de risque
d’athérosclérose sont à l’évidence mieux contrôlés. Ainsi au fur et à mesure,
des groupes de patients avec des pathologies cardiorespiratoires ont fait partie
des programmes de RAE ; parmi lesquels les patients présentant une
insuffisance cardiaque, une artériopathie des membres inférieurs, une
broncho-pneumopathie chronique obstructive.
Sont venues également s’ajouter après constat de désadaptation à l’effort les
maladies qui exposent les patients à une perte d’autonomie comme l’arthrose,
les rachialgies chroniques, les neuropathies centrales, le diabète, etc…
Les auteurs de l'article soulignent l'importance de
pouvoir évaluer les sujets en pratique courante d'AP. L'actimétrie, qui possède
les accéléromètres et les podomètres comme appareil de mesure, ne demande qu'à être
validée. Les tests d'effort restent incontournables pour quantifier les
performances maximales.
Cette étude tentait de valider un
questionnaire en langue française car la demande existe en ce qui concerne
l'usage courant. La validation des SAP est difficile à obtenir car elle est
confrontée à plusieurs paramètres rencontrés dans cette étude. Tout d'abord,
cette validation est rapportée à la subjectivité intervenant dans les réponses,
une surestimation ayant déjà été montrée dans l'autoappréciation de l'AP [3]. De plus, ce type de recrutement
fait appel au volontariat de sujets à priori intéressés et motivés par l'AP.
L’Avis du
GERAR :
Cet article a voulu éditer un SAP en langue
française. Il reste à affiner les objectifs du questionnaire car la population
visée, d’un âge avancé, présente des profils de pratique d’activité physique et
de sédentarité non représentatives de la population globale. La présentation
des différents profils sédentaires aurait été intéressante dans la discussion.
De plus, l’équipe de Dijon précise que la notion d’adaptation à l’effort a été
mise au second plan, or l’AP est présente dans 6 questions sur 9 avec des notions d’intensité
et de durée. L’évaluateur tenterait de dépister indirectement un niveau
d’adaptation à l’effort durant les activités sportives.
Cela sous-entendrait à penser que le sport ou le loisir
auraient l’exclusivité de l’AP alors que bien d’autres activités fonctionnelles
en rapport avec la vie quotidienne et non considérées comme un loisir demandent
différents niveaux d’AP selon les exigences de l’AP.
Le GERAR remarque après avoir lu bon nombre
d’articles sur le sujet que les auteurs ont tendance à confondre AP, inactivité
physique et sédentarité plus qu’à les associer dans les réflexions savantes et
consensuelles. Il semblerait qu’il manque aux professionnels de la rééducation
d’aborder la sédentarité sur son aspect psychosocial. Une réflexion, sur le
syndrome 3H abordée dans un précédent post du GERAR, pourrait se définir de
manière consensuelle. Il sera alors plus aisé de transmettre ces notions dans
les cursus d’enseignement professionnel et cela nous permettrait de répondre à
plusieurs problématiques de soin liées au sédentarisme.
NS
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