Les
études qui utilisent l'électrostimulation (ES) sont nombreuses et cette
technique est utilisée par de nombreuses personnes, de l’usager lambda dopé au
télé-achat, désirant un corps digne des dieux de la Grèce antique, aux sportifs
soucieux de leur récupération ou encore aux professionnels de santé dans le
cadre de programmes de musculation. Cette technique est donc préconisée dans diverses indications et tend à se vulgariser.
Les méthodes
de la stimulation électrique fonctionnelle (SEF) sont nombreuses et des
praticiens de l’hôpital de Genève en Suisse [1] ont publié un article sur la méthodologie de la SEF. Ils annoncent
l'intérêt de la SEF
pour du renforcement musculaire chez le sportif mais aussi dans la prévention
et le traitement des atrophies de non utilisation ou de dénervation. Concernant
le muscle dénervé, une équipe marseillaise a publié une revue générale [2] sur l'intérêt de l'ES et son impact
fonctionnel sur cette structure privée de
son innervation. Cette revue tente de faire le point sur les dernières
découvertes sur l'homme et l'animal.
Le
muscle strié squelettique se contracte via 3 éléments : la stimulation
électrique provenant du système nerveux central jusqu'à la plaque motrice,
la réaction chimique fournissant l'énergie nécessaire à la contraction et comme
opération finale le changement structurel du muscle.
Ziltener
JL. et Chantraine A. [1] distinguent
2 types d’atrophie musculaire : l’atrophie
de non utilisation et l’atrophie de
dénervation. Les 3 éléments cités précédemment sont touchés de manière plus
ou moins importante par tel ou tel type type d’atrophie.
L’atrophie
de non utilisation (développée également dans un article de 2011 par le GERAR)
touche principalement les fibres I des muscles toniques, et celle-ci s’observe
lors d’alitement et d’immobilisations prolongés ou lors d’atteintes du
motoneurone supérieur. L’atrophie de dénervation quant à elle, apparaît lorsque
le motoneurone périphérique est atteint et cette atteinte évolue très vite. Bien
que le pronostic soit dépendant de la récupération et des nouvelles
possibilités d’innervation, 2 mécanismes sont alors possible : la repousse
axonale (informations supplémentaires ici
ou là)
et le bourgeonnement d’axones (informations supplémentaires ici
ou là) D'ailleurs ces 2 mécanismes sont loin d'avoir une efficacité complète. De plus,
la dénervation impacte également les propriétés électriques de la membrane
musculaire avec une altération de la jonction neuromusculaire. Les auteurs
soulignent que l'atrophie touche, à court terme, plus les fibres II que les
fibres I. Cependant à long terme, les deux types de fibres sont touchés de
manière homogène. En conséquence, les valeurs de force et de fatigabilité sont
largement diminuées.
Il
est intéressant de souligner que les travaux portant sur la SEF divergent sur beaucoup de
points, et notamment la forme, la largeur, et l’intensité de l’impulsion
électrique délivrée. Il serait préférable d’utiliser des fronts d’ondes plutôt
raides, c’est-à-dire rectangulaire, avec des intensités qui sont comprises
entre 50 et 100Hz pour développer la force maximale et des intensités inférieures
à 25Hz dans le cas d’un travail sur l’endurance. Ces intensités sont en adéquation
avec celles développées dans l’article précédent – Découverte de l’électrostimulation et ses actions sur le corps humain.
Le temps d’impulsion électrique joue également un rôle car il existe une
relation linéaire entre la largeur d’impulsion électrique et la force générée.
Les protocoles d’entraînement subissent également cette diversité, passant de
quelques minutes, une fois par jour, 3 fois par semaine à plusieurs heures, 6 à
7 fois par semaine. Il semble également essentiel de positionner correctement
les électrodes, de rechercher le point moteur du muscle et d'ajuster la taille
des électrodes à la masse musculaire visée.
Decherchi
P. and coll. [2] approfondissent en détails les principes de l'électrothérapie
mettant en lumière les différences entre des courants mono et biphasiques,
continus et pulsatiles. Ils soulignent comme l'article précédent [1]
l'importance de la durée et l'amplitude des phases (leur intensité) et la
fréquence des stimulations électriques. Ils rappellent aussi [2] qu'une réponse
physiologique d’un tissu au courant électrique se réalise selon 3 principes. Le
stimulus doit atteindre une amplitude suffisante pour exciter le tissu, la
vitesse de changement de voltage (front d’onde) doit être rapide pour éviter
toute accommodation du tissu et entraîner un potentiel d’action.
C'est
dans l'atrophie de non utilisation que les études semblent être le plus
nombreuses concernant la SEF.
Il s’avère alors qu’en prenant compte de l’impact de ce type
d’atrophie, les résultats des études privilégient la SEF seule ou en association
avec des mouvements.
La SEF sur une atrophie par
dénervation ne fait pas ses preuves quant à son utilisation car 2 inconnues
s’installent : Quelle est l’impact de la SEF sur le bourgeonnement axonal et comment
réagissent des fibres musculaires dénervées en présence de SEF ? L'équipe
de Decherchi P [2] développe toute une partie sur la classification des fibres
nerveuses et les différentes manières dont elles peuvent se régénérer. (Envie
de rebosser sa neurophysiologie ? Quelques adresses intéressantes ici ou
ici)
La SEF semble se positionner
comme stratégie maintenant une survie musculaire même si celle-ci n’influence
pas la régénération nerveuse. Lors d’études concernant l’électrostimulation
(ES) sur fibres dénervées chez l’animal et soulevant une fois de plus le manque
d’uniformité dans les protocoles, les auteurs soulignent des résultats
divergents. Les auteurs constatent que sous ES avec des intensités ciblées, les
fibres de type I peuvent se transformer en fibre de type 2 par quel mécanisme
(ratio protéique, dénaturation, maturation). Concernant le retour de la
sensibilité musculaire suite à une dénervation, il s'avère que chez l'animal
l'ES permet le maintien des fonctions histologiques et physiologiques.
Chez
l’humain, il fallait s’en douter les résultats sont peu nombreux même si
certains semblent corroborer les résultats retrouvés chez l’animal. Dans tous
les cas, la SEF
de muscles dénervés n'améliore pas la régénération axonale, mais la SEF est le plus souvent
utilisée dans un objectif de maintien de la fonction musculaire lorsque les
fibres nerveuses sont peu ou pas touchées.
Avis du GERAR
Les
études sur l'intérêt fonctionnel de l'ES semblent être nombreuses, mais faute
de consensus, aucune ne sort du lot. Les auteurs de ces articles soulèvent un
flou dans la littérature scientifique et souvent par mauvaise utilisation des
courants électriques pour l'objectif considéré.
Ces 2
articles se permettent de rappeler quelques notions de physiologie sur la
myologie ainsi que des rappels importants concernant la SEF. Il est évident que
certaines notions ont été développées dans des études plus récentes, ces
papiers possèdent déjà une bibliographie bien fournie. Le GERAR tentera de
trouver les derniers papiers sur ce thème.
L’article
de Ziltener JL. et Chantraine A. propose des indications concrètes et utiles
concernant la SEF
en cas de dénervation avec des régimes de contractions bien détaillés. Cependant
et comme pointé du doigt, beaucoup de techniques de SEF dépendent du
« constructeur de l'appareil utilisé, sans que l'utilisateur paraisse
avoir réfléchi aux différents paramètres d'impulsion et régimes de
stimulations. » [1]
Après
avoir consulté le manuel d'utilisation de certains appareils, et faute de ne
pas avoir trouvé d'indications précises,
il serait intéressant de savoir sur quelles données et résultats se basent les
manuels de ces fameux constructeurs afin de paramétrer leurs produits sur des
programmes tels que re-musculation, renforcement musculaire ou encore atrophie,
pour ne citer qu'eux.
De plus, en navigant sur la
toile, vous pourrez trouver un article intéressant parlant de l’historique de l’électrostimulation
écrit par De Labareyre H. en 2009 et qui complète et précise l’article du18/08/2012 du GERAR
. Cet article a été écrit pour le compte de l’association des médecins de
traumatologie du sport (AMDTS).
Cette association met en lien libre et gratuit les communications réalisées
lors de leur congrès. N’hésitez pas à y faire un tour.
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