Aujourd’hui la radiographie est
l’examen qui permet d’identifier les signes d’arthrose tels que le pincement de
l’interligne articulaire ou les géodes. Or nous savons que ces signes
n’apparaissent que tardivement par rapport aux signes cliniques.
L’objectif de cette revue
systématique était donc de savoir si l’analyse quantitative de la marche (AQM)
en évaluant les propriétés psychométriques pouvait être un critère de suivi
dans l’arthrose. L’AQM permet d’obtenir des mesures cinématiques telles que la
vitesse de marche, la longueur du pas ou les angles articulaires.
Actuellement
pour évaluer l’atteinte fonctionnelle de façon subjective lorsqu’un patient
présente une coxarthrose ou une gonarthrose, ce sont des autoquestionnaires qui sont mis en place tels que l’Index de WesternOntario and McMaster University (WOMAC) ou l’Index de Lequesne.
La mise en
place de l’AQM aurait pour avantages d’analyser différents critères objectifs
sans que cela dépende du ressenti du patient. Et d’autre part, certains
critères analysés pourraient suggérer un dysfonctionnement alors que le patient
lui même ne percevrait pas d’incapacités fonctionnelles.
Pour
que l’AQM soit utilisable comme critère de suivi éventuel, il faut que les
propriétés psychométriques soient validées. Elles sont définies par la faisabilité
(coût de l’équipement, durée de la procédure, appareil disponible et sécurité),
la reproductibilité (elle est bonne si le coefficient de
corrélation intraclasse CCI est de plus de 0.80), la validité construite
(évaluée par la détermination de la corrélation entre les paramètres
cinématiques et les critères de suivi validés de l’arthrose [1]), la capacité
discriminante (comparaison entre les paramètres cinématiques des
patients arthrosiques avec les patients sains en utilisant le test de
Wilcoxon), la sensibilité au changement (considérée comme le
changement des paramètres cinématiques après traitement à des périodes
différentes de celui-ci [1]).
Pour
élaborer cette revue de la littérature, les articles ont été recherchés puis
sélectionnés sur les bases de données telles que pubmed, cohrane de 1988 à
2008, des résumés de deux congrès de 2004 à 2007 ont également fait partie de
la sélection. Par
la suite, un reviewer devait extraire les différentes données épidémiologiques
et analyser les propriétés psychométriques. Des
252 articles identifiés au départ, les reviewers en ont gardé 30 articles en
texte intégral. Au total ces articles portaient sur 343 patients
coxarthrosiques et 781 patients gonarthrosiques.
Les
résultats portant sur les propriétés psychométriques, il en ressort qu’au
niveau de la faisabilité rien de concret n’apparaît concernant le coût du
matériel et la durée du test. En revanche il apparaît une grande variabilité
dans l’utilisation des systèmes opto-électriques (18 au total). Concernant la
reproductibilité, seuls trois articles s’y attachent. Dans ces articles là, la
CCI était bonne toujours supérieure à 0.80. Malheureusement tous les articles
ne l’ont pas analysée.
Dans
dix huit articles, il apparaît une capacité discriminante validée puisque la
vitesse de marche est significativement inférieure chez un sujet arthrosique en
comparaison avec un sujet sain. Et d’autre part, si la flexion de hanche n’est
pas un critère discriminant chez le coxarthrosique, l’extension l’est puisque
qu’elle est significativement inférieure chez
ces patients. Le critère de sensibilité au changement présente des résultats
contradictoires en fonction des études.
En conclusion, cette revue de littérature envisage que l’AQM ne soit pas uniquement utilisée comme un moyen d’obtenir des mesures objectives de la marche mais également comme un élément diagnostic de pathologie arthrosique. L’intérêt essentiel serait d’utiliser ces données pour les appliquer à la clinique et même les utiliser comme prise de décision clinique de l’arthrose.
De
la propre expérience des auteurs, nous savons que le matériel utilisé est très
onéreux et que le temps mis pour l’évaluation reste encore très important. Il
faut également que soit amélioré la reproductibilité inter et intrasession des
paramètres de marche. En
revanche, sachant que la capacité discriminante est significative entre
sujets arthrosiques et sujets sains, il faudrait la préciser pour pouvoir
différencier les différents stades de l’arthrose.
Les
auteurs de cette revue restent prudents quant à l’utilisation de l’AQM dans
cette situation puisqu’ils préconisent d’utiliser avec précautions les
différentes données obtenues dans les différents articles. Toutes les
propriétés psychométriques ne sont pas validées dans un nombre suffisant
d’articles ce qui compromet les résultats.
Avis
du G.E.R.A.R :
Aujourd’hui
l’AQM est utilisé comme élément d’analyse. Les résultats permettant de
corroborer ou pas des éléments de l’examen clinique. L’utilisation des
résultats de l’AQM comme élément diagnostic dans les pathologies arthrosiques
semble intéressante. En revanche, il faudra continuer à faire des études pour
affiner les résultats et les paramètres utilisés. En 2012, la littérature ne permet
pas de crédibiliser suffisamment cette méthode en rhumatologie. Mais étant
donné que certaines personnes dans le monde médical semblent se diriger vers
une prise en charge débutant par la prévention, il faudrait continuer dans cette voie là pour que l’AQM entre autre
permettent de diagnostiquer précocement l’arthrose.
Nous
vous remettons en lien les vidéos de Fabrice Mégrot au sujet de l’AQM
[1] Ornetti P, Maillefert J-F,Laroche D, Morisset C, Dougados M, Gossec L. Analyse de la marche comme critèrede suivi dans la coxarthrose ou la gonarthrose : analyse systématique dela littérature. Revue du rhumatisme. 2010. 77;372-77 - article en accès restreint.
A noter que la société française de rhumatologie partage gratuitement certains articles publiés dans leur revue. N"hésitez pas à y faire un tour, c'est par ici.
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