Ces dernières années, une partie de plus en plus
importante de la population a recours à un podomètre afin d’analyser les
paramètres quantitatifs à la marche. Notamment, à l’image du
cardiofréquencemètre, les populations sportives utilisent le podomètre pour
optimiser leur suivi à l’entraînement. Cela permet de s’adapter plus
efficacement aux fluctuations des performances du sportif pendant sa
préparation. Si le podomètre a fait sa place auprès des populations dites
saines, qu’en est-il des personnes présentant un handicap à la locomotion.
Mudge et Stott [1], ont réalisé une étude pour analyser la corrélation entre les paramètres
enregistrés par le podomètre StepWatch® et différents tests fonctionnels à la
marche. Le StepWatch est reconnu pour avoir des paramètres validés et
reproductibles [2].
Cette
étude s’est concentrée sur les patients survivant à un accident vasculaire
cérébral (AVC). Cette pathologie représente une cause sévère de désadaptation
chez les adultes avec persistance de déficience physique chez 50 à 65% des cas.
De plus, une récente étude a montré que les personnes victimes d’un AVC ont
une plus grande subjectivité quant ils évaluent eux-mêmes leur activité
physique (AP) que ce qui est trouvé objectivement sur les tests fonctionnels.
Les patients recrutés ont été victime d’un AVC
datant d’au moins 6 mois. Ils marchent de manière autonome mais avec un déficit
persistant. Ils sont exclus de l’étude dès lors qu’ils sont tombés plus de 2
fois. Au nombre de 49, les patients ont une
moyenne d’âge de 67,4 ans.
Les tests
choisis dans le protocole sont le Rivermead Motor Index (RMI), le
Rivermead Motor Assessment (RMA), le test de marche de 6 minutes (TM6), le
test des 10 mètres (TM10). Le RMI est une échelle de 15 items de mobilité
fonctionnelle utilisée de manière autonome par le patient. La validation de ces
15 items est équivalente pour l’étude néo-zélandaise à monter/descendre 4 fois
un step et courir 10. Le RMA est une échelle
où 13 tâches de déplacement ont été retenues. De même, la validation de ces 13
items est équivalente à courir sur une distance de 10 mètres et sauter 5 fois sur la jambe affectée. Le TM10 se teste avec une allure de marche dite
« confortable ». Le TM6 évalue l’endurance à travers une épreuve de
marche.
En parallèle de cette batterie de tests de
marche, les patients devaient porter le podomètre StepWatch® 3 jours durant en
dehors de la nuit et de la toilette.
Pour traiter les résultats, les auteurs ont relevé
les moyennes et les médianes suivant les paramètres étudiés. Il en ressort de
cette étude une médiane de 4765 pas/jour pour les patients évalués. C’est
inférieur aux 6565 pas/jour pour des sujets sains de plus de 65ans.
Afin d’analyser la relation qu’il peut y avoir
l’âge, les tests de marche par rapport au podomètre, les auteurs ont utilisé le
coefficient de corrélation de Spearman.
- Tout d’abord il n’y a aucune corrélation entre le genre et les résultats
du podomètre.
- Le RMA et le RMI ne manifeste qu’une très faible corrélation
(coef.<0,5) avec les résultats du podomètre.
- Le TM10 montre une majorité de coefficient au dessus de 0.5 suivant les
paramètres analysés du podomètre. Cela atteste d’une corrélation modérée.
-
Le TM6 dénote des coefficients de corrélation les plus élevés avec le
plus grand nombre de paramètres du podomètre, parmi lesquels l’indice de pic
d’activité (pas/mn) et le plus grand nombre de pas en 1 minute (pas/mn).
Les objectifs
étaient de déterminer la force de relation entre les test de marche communs à
tous les rééducateurs et les paramètres du StepWatch®. Le protocole
d‘utilisation du podomètre permet d’affirmer que les données de marche recueillies
reflètent les conditions naturelles de déambulation de chaque patient.
L’intérêt était donc secondairement de savoir si les tests cliniques de marche
pouvaient avoir un facteur prédictif de la marche en environnement naturel. Il
apparaît que le TM10 et le TM6 ont une meilleure corrélation avec le podomètre
que le RMI et le RMA.
Les auteurs ajoutent que pour 95% des données des
patients qui réalisent le TM6, une personne qui marcherait 153m suggérerait un
intervalle de 308 à 5231 pas/jours.
D’un point de vue pratique, le TM10 se corrèle très
bien avec le TM6. Le TM10 peut avoir un rôle d’évaluation primordial quand le
patient ne peut pas réaliser le TM6 pour ses contraintes de durée importante.
Avis du GERAR :
Ces universitaires néo-zélandais se sont
attaqués à une problématique qui a le mérite de parler aux rééducateurs que
nous sommes. En effet, comment pouvons-nous interpréter un test que nous
réalisons en séance ? Quelle traduction pouvons-nous restituer les
résultats à un patient en attente du verdict de l’évaluation ? L’idée de
confronter les données d’un podomètre porté quotidiennement et des tests de
marche communément utilisés, représente une hypothèse dont les réponses sont
utiles pour une majorité de prise en charge en réadaptation.
Cette
étude souligne aussi la démocratisation de l’utilisation des podomètres qui
représentent un outil intéressant notamment dans les notions d’endurance à la
marche ainsi que dans la capacité à appliquer les acquis intégrés lors des
séances de rééducation. Toutefois beaucoup de podomètres n’ont pas la précision
qu’apporte le StepWatch®. Certains patients ont des types de marche qui donnent
des biais d’enregistrement pour les podomètres. L’analyse par GPS peut être une
alternative intéressante comme l’étude clermontoise sur des sujets
parkinsoniens [3].
Enfin, les interprétations statistiques des
résultats de cette étude sont accessibles à tous. Les auteurs ont choisi de
façon pertinente la moyenne ou la médiane suivant les paramètres analysés. Cela
traduit la volonté d’utiliser des données interprétables. Le coefficient de
Spearman nous montre aussi que les
corrélations podomètre/tests de marche convergent vers des notions de vitesse
de marche (pas/mn). Cette dernière notion appuie le fait la vitesse de marche
peut représenter un indice important de prédiction à la marche en environnement
naturel. Mais qu’en est-il de la symétrie des pas et les boiteries représentant
des facteurs de pénibilité à la marche ? Un complément de recherche via de
la posturologie serait un complément d’information indéniable dans le domaine
de l’autonomie à la marche.
[2]
Mudge S., Stott NS. Test-retes reliability of the StepWatch Activity Monitoroutputs in individuals with chronic stroke. Clin Rehabil. 2008;22:871-7
NS.
Une question "commerciale"? : où peux- t'on se procurer le "StepWatch"? Merci pour votre réponse
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