«Disposez d’un véritable laboratoire d’analyse de la
performance musculaire à portée de main»
Comment fonctionne ce laboratoire d’analyse ? Est-il fiable?
Peut-il analyser la performance musculaire sur n’importe quel mouvement à
portée de main ?
Présentation simplifiée de l'appareil [1]
Le Myotest PRO® est un outil de terrain conçu pour répondre
aux besoins des professionnels en activité physique (Entraîneurs,
Préparateurs Physiques, Médecins du Sport, Kinésithérapeutes et Enseignants en
activités physiques adaptées) souhaitant mesurer, de façon simple et rapide, les
performances...
...musculaires d'un athlète : la puissance, la force, la vitesse sur
un geste sportif, la hauteur d’un saut, le temps de contact ou encore la
résistance à la fatigue [1]. Il se met en place rapidement, et permet de
mesurer avec précision les valeurs indispensables à un entraînement de qualité.
Les résultats sont instantanément visibles à l'écran de l'appareil. L’ensemble
des tests préprogrammés et les résultats correspondants ont été vérifiés et
validés par la communauté scientifique internationale [2-6].
Son utilisation est aussi intéressante pour le sport de haut
niveau que pour la rééducation ou encore la recherche
Multi usages: sport de haut niveau, rééducation et recherche.
- Efficace dans la programmation de l'entraînement, la gestion des charges de travail et le suivi de l'athlète.
- Le profil musculaire (puissance, force, vitesse) les qualités de détente, la typologie de foulée ainsi que la charge idéale d'entrainement sont mesurées et analysées par l’appareil.
- Adapté pour les protocoles de rééducation, l'appareil se place sur les machines, les charges libres et sur le corps. L'évolution musculaire du patient est ainsi mesurée. Dissymétries bilatérales, répartition des forces, vitesse de mise en action, suivi des progrès, bilan fonctionnel, autant de services rendus par ce produit.
- Au niveau de la recherche, le Myotest PRO® est un véritable laboratoire portatif. Cette technologie s'exporte sur le terrain et permet une analyse mécanique complète à l'aide de son logiciel.
AVIS DU GERAR:
L’ayant utilisé en stage, pour un test de force maximale sur
machine presse, je trouve que cet appareil est vraiment très fiable en terme de
résultats. En revanche, le fonctionnement de cet outil d’analyse me laisse
perplexe malgré sa facilité d’utilisation. Le Myotest® enregistre les
résultats d’un sujet par le biais de son
accélération lors du mouvement qu’il effectue. Hors l’appareil enregistre si et
seulement si l’accélération de l’individu atteint un niveau d’accélération
suffisant à l’enregistrement de données.
Quel est-il ? Nous ne savons pas.
Il faut alors faire attention d’adapter
correctement la charge au début du test afin que l’individu puisse effectuer
une accélération adéquate à la sensibilité de l’enregistrement du Myotest®. Beaucoup de protocoles ont été validés
scientifiquement comme celui du bench-press
[2,3], développé-couché en français. D’après cette étude [2], la RM
est objectivé avec une fiabilité à 95%, soit 5% d’erreur possible. Il est probable
qu’à 95% de la 1RM, le mouvement, très lent et très long, souffre d’un signal
parasité qui favorise une accumulation des erreurs, se répercutant directement
sur les mesures de vitesse et de puissance. Le service Myotest recommande de
refaire le test si la fiabilité est située en dessous de 50%, or à 60%, nous
avons 4 chances sur 10 d’avoir des résultats faux. Ne faudrait-il pas
recommencer le test avec un taux de fiabilité beaucoup plus important comme 80%
pour être sûr d’obtenir des résultats davantage fiables?
Mon test devait
s’effectuer sur machine presse avec des
patients ayant eu une ligamentoplastie du ligament croisé antérieur (LCA), hors
aucune validité n’a été faite sur cet appareil de musculation. Le service du
site Myotest m’a conseillé de prendre le protocole du bench press afin
d’effectuer mon test sur la machine presse. D’après une étude de Jovovitch [7],
le protocole du bench press a une plus grande fiabilité dans la prévision 1RM.
Choix non anodin du site Myotest vis-à-vis de cette étude ?
Le protocole sur bench press se déroulait de la façon
suivante : 8 séries d’une répétition en augmentant la charge par palier.
- Position initial :allongé sur le banc, barre sur la poitrine, écartement défini des mains sur la barre, Myotest® sur la barre.
- Charger la barre de manière à atteindre un total de 20 kg/45 lbs (barre comprise)
- Se mettre en position sur le banc, soulever la barre et rester immobile.
- Au bip long, descendre ma barre jusqu’à la poitrine et attendre en position statique.
- Au bip court, propulser la barre avec l’intention de vitesse maximale en la maintenant fermement, jusqu’à l’extension complète des membres supérieurs (il se peut que le buste décolle du banc).
- Après la poussée, rester en position membres supérieurs tendus. Un double bip indique la fin de la série, poser alors la barre sur ses supports.
Afin de réaliser ce protocole sur machine presse, j’ai dû
l’adapter de la façon suivante :
- Position initiale : en chaîne cinétique fermée, c'est-à-dire pied du membre sain sur le socle, membre opéré sur un banc, situé à côté, avec une serviette pour aider au glissement du membre lors des mouvements, angle articulaire du genou à 90°, Myotest® sur les charges de la machine presse
- Charger la barre de la presse à 20 kg/45 lbs
- Se mettre en position sur la chaise, tendre le membre inférieur sain et rester immobile
- Au bip long, descendre en fléchissant le genou jusqu’à ce que les poids ne provoquent aucune tonicité auprès des muscles du membre inférieur sain et attendre en position statique.
- Au bip court, se propulser en arrière avec l’intention de vitesse maximale jusqu’à l’extension complète du membre inférieur sain (il se peut que le pied décolle du socle).
- Après la poussée, rester en position membre inférieur sain tendu. Un double bip indique la fin de la série, revenant alors à la position initiale de départ.
Malgré le bon suivi du protocole sur la réalisation d’un
test de force maximale, l’appareil m’a signalé à plusieurs reprises, une
fiabilité de mes résultats inférieurs à 50%. Protocole non adapté? Besoin d’une validé du Myotest® sur cette machine ?
Plusieurs points m’ont posé des difficultés sur la
réalisation du test :
Difficulté
rencontrée N°1 : La machine presse disposait de butées à l’arrière afin que la
personne ne sorte pas du rail après la propulsion. Cette disposition provoquait
une limite par rapport à la charge de départ de 20kg, charge très faible par
rapport au poids du corps de la personne qui touchait à coup sûr les butées et
faussait donc l’accélération.
Solution choisie : Normalisation de la charge de départ :
80% du poids du corps afin que les personnes puissent faire une bonne
accélération sans toucher les butées (variable selon les individus)
Difficulté
rencontrée N°2 : Après la propulsion, la personne n’arrivait pas à amortir sa
chaise pour revenir à la position initiale. Les poids claqués à l’arrivée et
provoquait sans doute un autre biais sur l’accélération.
Solution choisie : Je devais amortir la chaise avec ma main
pour éviter que les poids claquent à l’arrivée.
Difficulté
rencontrée N°3 : Les bips du Myotest n’étaient passez fort à l’oreille de la
personne qui était assez éloigné de l’appareil, configuration non maîtrisable.
Situation justifiée dans une salle de rééducation où les bruits sont présents.
De ce fait, le patient n’était pas autonome et avait besoin que je lui dise
quand est-ce qu’il devait y aller.
Solution choisie : Dire des numéros à la personne qui
correspondent aux différentes phases du test :
- 1 = tendez au maximum les membres inférieurs
- 2 = pliez les membres inférieurs à la position initial
- 3 = propulsez-vous en arrière le plus long possible
Je pense pour ma part que l’appareil Myotest® est destiné à
un public ciblé, celui des personnes ayant une bonne condition physique en
terme d’explosivité musculaire que ce soit sur les membres inférieurs ou
supérieurs et qu’il possède une trop grande sensibilité aux petites variations
de performances afin de donner des résultats fiables pour le sujet. Cette
observation nous permet de croire que dans le cadre de ce type de protocole,
une amélioration du processus d’analyse des données permettrait d’élargir la
validité du Myotest® à toutes les charges c'est-à-dire au-dessus de 95% de la
1RM.
D’après mon expérience, je pense que pour avoir des
résultats corrects, sans rencontrer de difficultés, il faut tester les sujets
en milieu de matinée ou en début d’après-midi, période pendant laquelle ils ont
un fort pic d’énergie, afin d’avoir une accélération convenable. J’avais
tendance à effectuer mes tests de force musculaire en fin de matinée ou en fin
d’après-midi, périodes qui correspondaient à une accumulation de fatigue auprès
des patients. De ce fait, ils devaient effectuer un autre test le lendemain car
soit la fiabilité tombait en dessous de
50% soit des signaux d’erreur s’affichaient sur le Myotest®.
Malgré ces remarques, je pense que la grande sensibilité du
Myotest® aux petites variations de performances a autant d’avantages que
d’inconvénients. En effet, d’après les professionnels en activité physique,
elle reste une qualité fondamentale lorsque l’on souhaite suivre
longitudinalement les effets d’un entraînement. En revanche, elle reste une
limite quant au taux de pourcentage de réussite du protocole à effectuer. Mon
avis porte à dire que le Myotest reste un appareil intéressant pour l’analyse
de la performance musculaire d’un sujet mais seulement sur les mouvements
sportifs qui ont été validés scientifiquement comme le développé-couché (bench
press), le saut détente (counter movement jump), le demi squat (half squat), le
saut réactivité (pliometry) ou encore le saut puissance (squat jump).
Certains d'entre vous ont-ils testé ou acheté le Myotest?
Qu'en pensez-vous? En avez-vous tiré un bénéfice significatif? Un autre type de
machine genre presse à cuisse inclinée serait peut-être mieux adapté au
protocole du bench press ? N’hésitez-pas à donner votre avis sur cet appareil.
Bibliographie
[1] www.myotest.com
[2] Jidovtseff B. Validity of the Myotest®
during the bench press: Preliminary results, Service Evaluation et Entraînement
des Aptitudes Physiques – Université de Liège – Belgique. 2008. Accès libre
[3] Brett
A. Comstock et al. Validity of the Myotest® in measuring of force
and power production in the squat and bench press. J Strength Cond Res. 2011. 25;8:2293-7. Accès libre.
[4] Babault N., Cometti G. Validité du
Myotest® pour l'évaluation de la détente verticale : étude préliminaire. Centre d'expertise de la performance –
Faculté des Sciences du Sport – Dijon – France. 2008. Accès libre.
[5] Weiss
et al. Validity of accelerometer-derived peak force output during
loaded jump squats, Musculoskeletal Dynamics Laboratory, The University of
Memphis, Memphis. 2010. Accès libre.
[6]
Hasegawa H., Yamauchi T., Kawasaki T., Adachi T., Yamashita M., Nakashima N. Effects of plyometric training using a portable self-coaching
system on running performance and biomechanical variables in jump exercises. J Strength Cond Res. 2011. 28;S1:S210-11. Accès libre.
[7] Jidovtseff B., Villaret J., Harris N.,
Cronin J., Crielaard JM. Predicting the 1RM from the load-velocity relationship. 2012. Présentation poster. Accès libre.
Rémi Bordeux - RB
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