Figure 1. Le continuum de mouvement [15] |
Cette lettre a été acceptée pour publication dans la revue Applied Physiology, Nutrition & Metabolism. Elle est actuellement largement diffusée aux éditeurs en chefs des principales revues scientifiques et médicales au niveau international, en anglais comme en français, ainsi qu’aux diverses institutions et réseaux, susceptibles d’être intéressés par la thématique, comme la Société canadienne de physiologie de l’exercice, la Société Française des Professionnels en Activités Physiques Adaptées, ou ici le GERAR.
Le travail a été coordonné par le Dr. Mark Tremblay, Directeur du réseau de recherche sur les saines habitudes de vie et l’obésité (Healthy Active Living & Obesity)
et professeur dans le département de pédiatrie de l’université de
médecine d’Ottawa (Canada). Ses principales spécialités : la physiologie
de l’exercice, l’obésité chez l’enfant, et plus généralement l’activité
physique, la sédentarité et leurs impacts sur la santé. Vous trouverez alors ci-après son travail écrit et la traduction proposée par Gilles THÖNI, (Docteur
d’université en Sciences de l’activité physique, PhD. Physiologie de
l’exercice et de la santé. R2E. France) et revue par Jean-Philippe Chaput,
(Ph.D., professeur adjoint, Université d’Ottawa, Canada).
Bonne lecture.
THÖNI G.
L’impact des comportements sédentaires sur la santé (par exemple, le
fait de rester assis) est devenu une thématique de recherche d’un
intérêt croissant [15]. De nombreuses études suggèrent
que les personnes ayant un comportement largement sédentaire peuvent
présenter un risque de morbidité et de mortalité accru, et ce, quelque
soit leur niveau d’engagement dans des activités physiques d’intensité
modérée à intense (‘moderate- to vigorous-intensity physical activity’
ou MVPA pour les anglophones) [3,5,7,14,16].
Par ailleurs, peu de relations entre comportement sédentaire et
activités physiques d’intensité modérée à intense (MVPA) ont pu être
mises en évidence [1,4]. Il est en
effet possible pour un individu donné de présenter simultanément dans
une même journée une quantité importante d’activités physiques modérées à
intenses d’une part, et un comportement largement sédentaire d’autre
part [6,7,10,15,17]. Ces données considérées
ensemble suggèrent que rester de façon prolongée en position assise et
avoir une quantité insuffisante d’activités physiques d’intensité
modérée à intense (MVPA) représentent des facteurs de risque bien
séparés et distincts de plusieurs maladies chroniques non transmissibles
(maladies cardiovasculaires, diabète, ou cancer, par exemple)
Bien
que la recherche sur les effets biologiques d’un comportement
sédentaire et ses répercussions sur la santé constitue un nouveau champ
d’étude passionnant, certaines incohérences dans l’utilisation des
termes peuvent à l’heure actuelle être source de confusion pour les
étudiants, les chercheurs, les décideurs politiques et le grand public
De
façon synthétique, actuellement, le terme “sédentarité” (‘sedentary’
pour les anglophones) caractérise indifféremment 2 choses bien
distinctes voire contradictoires, sur le plan opérationnel. Dans ce
domaine de recherche émergeant, les comportements sédentaires
(‘sedentary behaviours’ pour les anglophones) sont généralement définis
à la fois par une faible dépense énergétique (dépense énergétique de
repos, généralement ≤1.5 équivalents métaboliques (METs), par exemple),
et une position assise ou semi-allongée [10,11,15]. Dans ce contexte, une personne peut être
qualifiée de “sédentaire” si elle présente un comportement largement
sédentaire. Par opposition, dans la littérature scientifique sur le
sport ou l’exercice, le terme “sédentaire” est fréquemment utilisé pour
décrire une quantité d’activités physiques d’intensité modérée à intense
(MVPA), inférieure à un certain seuil [2,8,9,12,13].
Ainsi, il est fréquent que les chercheurs du domaine qualifient une
personne de “sédentaire” parce qu’elle n’atteint pas le niveau
recommandé d’activité physique. Par conséquent, de nombreuses études sur
l’exercice incluent un “groupe contrôle sédentaire” ou indiquent que
leurs participants proviennent de “populations sédentaires” en raison de
leur manque d’activité physique, sans véritablement mesurer ou évaluer
leur niveau réel de comportement sédentaire
Il est
assez simple de s’apercevoir combien ces définitions contradictoires du
terme ‘sédentarité’ peuvent facilement conduire à certaines confusion.
Lorsque vous lisez le titre ou le résumé d’un article, il est souvent
difficile de vérifier à quelle définition de la “sédentarité” les
auteurs font référence. Si un article s’intéresse à l’impact sur la
santé d’un “mode de vie sédentaire,” les auteurs sont-ils
soucieux de l’excès de position assise ou couchée, du manque d’activité
physique ou des deux ? De plus et de façon assez surprenante, il est
fréquent de voir des articles publiés dans une revue académique naviguer
d’une définition à l’autre
Afin d’éviter davantage de
confusion, nous proposons que les éditeurs en chef de revue adoptent une
définition claire et cohérente du terme “sédentarité” et exigent que
l’ensemble des manuscrits publiés dans leur revue utilisent cette
terminologie commune. Nous suggérons que les revues définissent de façon
formelle le ‘comportement sédentaire’ comme une situation d’éveil
caractérisée par une dépense énergétique ≤1.5 METs en position assise ou
allongée. En revanche, nous suggérons que les auteurs utilisent le
terme « inactif » pour décrire les individus ayant un niveau insuffisant
d’activité physique d’intensité modérée à intense (MVPA), c'est-à-dire,
n’atteignant pas le seuil d’activité physique recommandé.
L’adoption
des définitions formelles mentionnées ci-dessus par les éditeurs de
revue et les évaluateurs pourrait grandement améliorer la clarté des
recherches et des discussions sur ces comportements essentiels de santé
et aider les chercheurs à développer des études plus spécifiques sur les
comportements sédentaires ou l’inactivité physique. Nous espérons que
la communauté scientifique internationale soutiendra ces définitions et
nous nous réjouissons déjà des progrès qui pourront être ainsi réalisés
dans la compréhension des effets sur la santé des comportements
sédentaires et de l’activité physique
Références :
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Physical Activity, and Obesity: Inactivity Among Active Kids. Prev.
Chron. Dis. 6(1): A26. PMID: 19080032.
Signataires du texte (par ordre alphabétique) :
Joel Barnes, Knowledge
Synthesis and Analysis Manager, Healthy Active Living and Obesity
Research Group, Children’s Hospital of Eastern Ontario Research
Institute, Canada; Timothy K. Behrens, Associate Professor, Department
of Health Sciences, University of Colorado Colorado Springs, USA; Mark
E. Benden, Assistant Professor, School of Rural Public Health, Texas
A&M, USA; Stuart Biddle, Leicester-Loughborough Lifestyle
Biomedical Research Unit, School of Sport, Exercise & Health
Sciences, Loughborough University, UK; Dale Bond, Assistant Professor
(Research), Department of Psychiatry and Human Behavior, Warren Alpert
Medical School of Brown University, USA; Patrice Brassard, Division of
Kinesiology, Department of Social and Preventive Medicine, Faculty of
Medicine, Université Laval, Québec, Canada; Helen Brown, School of
Exercise & Nutrition Sciences, Deakin University, Australia; Lucas
Carr, Assistant Professor, Kinesiology, East Carolina University, USA;
Valerie Carson, PhD Candidate, School of Kinesiology and Health
Studies, Queen’s University, Canada; Jean-Philippe Chaput, Junior
Research Chair in Healthy Active Living and Obesity Research, Children’s
Hospital of Eastern Ontario Research Institute, Canada; Hayley
Christian, NHMRC/National Heart Foundation Early Career Fellow, Centre
for the Built Environment and Health, School of Population Health, The
University of Western Australia, Australia; Rachel Colley, Junior
Research Chair in Healthy Active Living and Obesity Research, Children’s
Hospital of Eastern Ontario Research Institute, Canada; Mary Duggan,
Manager, Canadian Society for Exercise Physiology, Canada; David
Dunstan, Physical Activity Laboratory, Baker IDI Heart and Diabetes
Institute, Australia; Ulf Ekelund, Group Leader, MRC Epidemiology Unit,
Institute of Metabolic Science, Addenbrookes Hospital, UK; Dale
Esliger, Senior Lecturer, Physical Activity and Public Health, School
of Sport, Exercise and Health Sciences, Loughborough University, UK;
Zach Ferraro, PhD Candidate, Healthy Active Living and Obesity Research
Group, Children’s Hospital of Eastern Ontario Research Institute,
Canada; Yoni Freedhoff, Assistant Professor, Department of Family
Medicine, University of Ottawa, Canada; Karla Galaviz, PhD Candidate,
School of Kinesiology and Health Studies, Queen's University, Canada;
Paul Gardiner, PhD Student, School of Population Health, The University
of Queensland, Australia; Gary Goldfield, Clinical Scientist, Healthy
Active Living and Obesity Research Group, Children’s Hospital of Eastern
Ontario Research Institute, Canada; William L. Haskell, Professor,
Stanford University School of Medicine, USA; Gary Liguori, Associate
Professor, MS, MPH, and PhD Coordinator, Health, Nutrition, and Exercise
Sciences, North Dakota State University, USA; Genevieve Healy,
Postdoctoral Research Fellow, Cancer Prevention Research Centre,
University of Queensland, Australia; Katya M. Herman, Postdoctoral
Research Fellow, Department of Epidemiology, Biostatistics, &
Occupational Health, McGill University, Canada; Erica Hinckson,
Associate Dean (Postgraduate), Faculty of Health and Environmental
Sciences, AUT University, New Zealand; Richard Larouche, PhD Candidate,
Healthy Active Living and Obesity Research Group, Children’s Hospital
of Eastern Ontario Research Institute, Canada; Allana Leblanc, Research
Coordinator, Healthy Active Living and Obesity Research, Children’s
Hospital of Eastern Ontario Research Institute, Canada; James Levine,
Professor of Medicine, Mayo Clinic, USA; Hotaka Maeda, MS Exercise
and Sport Science Student, East Carolina University, USA; Mark McCall,
Osteopath, U.K.; Wendy McCubbin, Senior Manager of Workspace Wellness,
Ergotron, Inc., USA; Ashlee McGuire, Project Manager, Alberta Health
Services, Canada; Vincent Onywera-Director (Center for International
Programs) and Senior Lecturer, Department of Recreation Management and
Exercise Science, Kenyatta University, Kenya; Neville Owen, Behavioral
Epidemiology, Baker IDI Heart and Diabetes Institute, Australia; Mark
Peterson, Assistant Research Professor, Department of Physical Medicine
and Rehabilitation, University of Michigan, USA; Stephanie Prince, PhD
Candidate, Population Health, University of Ottawa; Ernesto Ramirez,
PhD Candidate, Joint Doctoral Program in Public Health (Health
Behavior), San Diego State University and University of California, San
Diego, USA; Nicola Ridgers, Alfred Deakin Postdoctoral Research Fellow,
School of Exercise & Nutrition Sciences, Deakin University,
Australia; Ash Routen, PhD Candidate, Institute of Sport and Exercise
Science, University of Worcester, UK; Alex Rowlands, Senior Research
Fellow, School of Health Sciences, University of South Australia,
Australia; Travis Saunders, PhD Candidate, Healthy Active Living and
Obesity Research Group, Children’s Hospital of Eastern Ontario Research
Institute, Canada; John M. Schuna Jr., Predoctoral Research Fellow,
Health, Nutrition, & Exercise Sciences North Dakota State
University, USA; Lauren Sherar, Lecturer, Physical Activity and Public
Health, School of Sport, Exercise and Health Sciences, Loughborough
University, UK; Donna Spruijt-Metz ,Associate Professor, Director of
Responsible Conduct in Research, University of Southern California Keck
School of Medicine, USA; Barry Taylor, Professor of Paediatrics &
Child Health, University of Otago, New Zealand; Mark Tremblay, Director,
Healthy Active Living and Obesity Research Group, Children’s Hospital
of Eastern Ontario Research Institute, Canada; Jared Tucker, Assistant
Professor, Health, Nutrition and Exercise Sciences, North Dakota State
University, USA; Katrien Wijndaele, Postdoctoral Fellow, MRC
Epidemiology Unit, Institute of Metabolic Science, Addenbrookes
Hospital, UK; Jennifer Wilson, Strathcona County, Canada; Justine
Wilson, PhD Student, Psychology of Health, Physical Activity and
Exercise Laboratory, University of British Columbia, Vancouver, Canada;
Sarah Woodruff, Assistant Professor, Faculty of Human Kinetics,
University of Windsor, Canada.
C'est un honneur que le GERAR puisse promouvoir ce type de démarche pour tendre vers plus de cohésion dans la pris en charge apportée aux patients. Et cela passe bien évidemment par définir des termes généraux comme la sédentarité de manière consensuelle.
RépondreSupprimerMerci GT pour votre collaboration