Lors du vieillissement, nous pourrions penser que le coût énergétique augmenterait suite à des perturbations de l’appareil locomoteur. Dans les années 90, il n’apparaissait aucun consensus sur ce point. Waters et al [1]. dans une étude de 1988 ont distingué trois vitesses de marche : normale, lente et rapide.
Selon leur étude, il n’existe pas de différence de la consommation d’oxygène (VO2) si la vitesse de marche utilisée correspond à une vitesse confortable (normale) quelque soit l’âge. Didier et al. [2] ont voulu étudier le coût énergétique de la marche ainsi que les variations des réactions cardiaques et respiratoires dans deux groupes d’âges différents.
Vingt neuf femmes ont participé à l’étude, elles ont été divisées en deux groupes. Un groupe I composé de 11 femmes âgées de 40 à 50 ans. Un groupe II avec 18 femmes âgées de 70 à 80 ans. Tous les sujets ont été recrutés dans un club de gymnastique. Les sujets de cette étude ne présentait aucun type de pathologies. Les tests de marche consistaient en un parcours de marche extérieur d’une longueur de 50m. Les tests ont été réalisés à l’extérieur avec une température comprise entre 5 et 10°. Les sujets devaient marcher préalablement pendant 5min afin d’obtenir une marche à vitesse confortable. Le test durait par la suite 12 min.
Différents paramètres ont été mesurés ou calculés. La consommation d’oxygène a été relevée selon la technique de calorimétrie indirecte respiratoire. Les gaz expirés étaient récupérés dans des sacs de douglas pendant des périodes de 2 min. Chaque contenu était analysé dans des analyseurs préalablement étalonnés. Un spiromètre intercalé sur le circuit expiratoire permettait de mesurer le débit expiratoire. Pendant le test, une personne notait le nombre de pas, les temps de passage à chaque signalisation ainsi que les indications du spiromètre. Le coût énergétique de la marche était exprimé en cal/kg-pas.Concernant les paramètres liés à la marche, il était pris en compte la vitesse moyenne de déplacement pendant les quatre dernières minutes du test en m/min.
Les résultats principaux qui ressortent de cette étude sont une diminution de la vitesse de marche confortable, de la cadence et de la longueur du pas en fonction de l’âge. La distance parcourue en 12 minutes passe avec l’âge de +/- 990m à 888m. Concernant la dépense énergétique en cal/kg-pas elle n’était pas différente entre les deux groupes. En revanche, la dépense énergétique nécessaire pour parcourir un mètre était significativement augmentée dans le groupe personnes âgées.
Dans cette étude comparée à d’autres, la vitesse de marche confortable des sujets âgés était supérieure. Il est donc suggéré que cette différence apparaît car les femmes de cette étude participaient toutes à un groupe de gymnastique. L’âge n’aurait pas d’effets sur la stimulation cardiaque et respiratoire lors de la marche confortable. Ceci suggère que pour maintenir une dépense énergétique adaptée, il y aurait une régulation de l’activité mécanique par les niveaux de tachycardie et d’hyperventilation et donc une diminution de la longueur du pas.
En conclusion, le vieillissement est responsable de l’altération du système locomoteur ce qui a pour conséquence de diminuer la vitesse et la distance parcourue sur un test de marche de 12min. La dépense énergétique par unité de distance est significativement augmentée chez les sujets âgés de cette étude comparée au groupe des jeunes. En revanche, la VO2 par minute, la DE par pas et les réponses cardio-respiratoires ne sont pas significativement modifiées avec l’âge. Ceci suggère que lors d’une marche à un rythme confortable, la diminution de la longueur du pas serait le principal paramètre permettant de maintenir une dépense énergétique dans les limites constantes chez les femmes entre 40 et 80 ans de cette étude.
AVIS DU GERAR :
Les résultats de cette étude corroborent les résultats retrouvés en général dans la littérature. En revanche, cette étude étant de 1995, il serait intéressant de trouver des études récentes pour comparer les résultats. Les mesures de VO2 se faisant maintenant avec des appareils portatifs électroniques mesurant l’air expiré dans un masque, les mesures seront sans doute plus précises. Il ressort également de cette étude que les sujets pratiquant de la gymnastique en club régulièrement ont une vitesse de marche confortable supérieure à des sujets lambda. De ce constat, nous pouvons donc suggérer que les réponses cardio-respiratoires seraient meilleures, et que l’impact du vieillissement sur la fonction motrice pourrait être moindre.
AA.
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