26.8.11

Rupture du LCA et renforcement musculaire en chaine ouverte.

Suite à une rupture du LCA, la faiblesse musculaire se retrouve le plus souvent au niveau du quadriceps. Le choix du renforcement est alors primordial. Chaine cinétique ouverte (CCO) ou chaine cinétique fermée (CCF) ? Le débat est houleux et les avis divergent.
Dans son introduction, Tagesson [1] énonce que la CCO en extension favorise essentiellement le quadriceps (Q) comparé à la CCF. De plus elle cite des travaux concluant que la CCO et la CCF provoquent une torsion similaire du LCA, et que celle-ci dépends de la position du tibia et la force produite par le Q. Ces 2 modes de renforcement ne provoquent pas d’augmentation de la laxité du genou. Toutes ces conclusions sont à rapprocher d'une rupture isolée du LCA.

Le but de l’étude est de comparer les effets de l’ajout d’un renforcement musculaire en CCF ou en CCO au sein d’une rééducation classique post rupture du LCA.


42 patients présentant une rupture du LCA ont été inclus dans l’étude. L'age moyen des participants est de 26 ans. 20 patients forment le groupe CCF et le groupe CCO regroupant les 22 autres patients. Les patients ont été testés en entrée à 43 jours post trauma en moyenne et testés en sortie 132 jours plus tard en moyenne.

Pour standardiser la PEC en rééducation, celle-ci est divisée en 4 phases, où le renforcement musculaire prend une place de plus en plus importante. En fonction des phases, des exercices s'ajoutent ou sont supprimés. Le travail d'abduction et d'adduction de hanche, par exemple se fait durant toutes les phases alors que la course et les sauts sont réalisés en phase 4.
  • Phase 1 : Semaine 1 à 4, phase de protection. Augmentation de l'amplitude, de la fonction musculaire, de la proprioception et la diminution de la douleur et de l'épanchement.
  • Phase 2 : Semaine 5 à 8, phase de renforcement précoce. Récupération complète de l'amplitude articulaire, marche normale, augmentation du contrôle moteur et de la force et charge de travail à 50-60% d'une RM.
  • Phase 3 : Semaine 9 à 12, phase de renforcement intense. Augmentation des exercices en force, charge de travail à 70-80% de la RM.
  • Phase 4 : Semaine 13 à 16, phase de renforcement dans le but d’un retour au sport. Augmentation de la coordination et des habilités sportives via de activités physiques adaptées. Charge de travail supérieur à 80% de la RM.

En plus de leur rééducation supervisée par un thérapeute, les patients doivent réaliser seul, 3 fois par semaine, 3 séries de 10 répétitions sur différents exercices bien précis selon la modalité du groupe auquel ils appartiennent (CCF ou CCO)


Afin de mesurer l'impact de ces 2 modalités de rééducation, en entrée et en sortie de PEC, les patients ont répondu au Tegner Lysholm Knee Scoring Scale et au Knee Injury Osteoarthritis Outcome Score (KOOS). Les résultats d'un squat unilatéral (réalisé seulement en sortie pour le MI opéré), des tests sur machine isocinétique et d'un EMG de surface ont également été réalisés pour le vaste médial, latéral, les ischios jambiers, les gastrocnémiens et le grand fessier  lors d'un exercice de marche. Lors de ces tests la translation tibiale (TT) dynamique a été mesurée avec un CA4000 et la TT statique était mesurée lors d'un Lachman à 90 et 134N.

Avant la période de rééducation les auteurs constatent une TT statique plus importante MI blessé que MI sain. En fin de PEC les amplitudes sont identiques pour les 2 groupes, et les sujets ne présentent pas de différences significatives concernant l’activité électromyographique des muscles testés en sortie/entrée lors de la marche. Pas de différence non plus sur le Tegner Lysholm Knee Scoring Scale. Il n'y a pas de différence significative en sortie entre les groupes CCF et CCO concernant le squat unipodal, les sauts verticaux et horizontaux. Les données sont exprimées en pourcentage du MI controlatéral, et sont toutes supérieures à 90%. Selon le KOOS, les patients du groupe CCO possèdent des niveaux plus importants concernant les activités de la vie quotidienne, des activités physiques et sportives, et chaque groupe possède le même niveau de douleur.
Les résultats des tests isocinétiques en flexion de sont pas différents du MI sain pour les 2 groupes En extension, le groupe CCO possède un résultat supérieur, exprimé en pourcentage du MI controlatéral (96±14%) par rapport au groupe CCF (84±15%). Ceci appuie la théorie que le renforcement en CCO est nécessaire pour retrouver une force de Q similaire au membre controlatéral. Les exercices en squats seuls, ne sont pas suffisants. Les exercices spécifiques en CCF ou en CCO n’ont pas engendré des TT différents lors des tests de Lachman, des épreuves de marche, de squats et d’extension-flexion sur machine isocinétique.


L’avis du GERAR :
Cette étude prouve qu’en l’absence de LCA, un renforcement en CCO est plus efficace qu’un renforcement en CCF pour le quadriceps. Les différences constatées sur les réponses du KOOS montrent que le groupe ayant suivi une rééducation en CCO possède le même niveau de douleur mais un niveau d’activité physique plus important par rapport au groupe CCF.
Point intéressant de l’étude, le renforcement en CCO ne provoque pas plus de TT qu’un renforcement en CCF. Que ce soit lors de la marche, lors d’un test isocinétique ou lors de tests de Lachman à 90 et 134N.
De plus les patients ont une bonne récupération musculaire car les données de sauts, de RM et d'isocinétisme diffèrent de moins de 15% par rapport au MI controlatéral.
Même si cette étude propose un protocole bien détaillé, les patients ont suivi en moyenne 34 séances d’exercices spécifique seuls , avec des extrêmes de 13 à 63 séances. Cet écart important dessert surement sur la significativité de certains résultats. La rééducation classique a été faite par 5 thérapeutes, et une grande majorité des tests n’était pas réalisé en aveugle. 5 thérapeutes représentent autant de façon de gérer une rééducation.

Si les exercices en CCO et CCF n’ont pas déclenché une TT plus importante, qu’en est-il en présence d'une plastie du LCA ? Comment ces modalités de renforcement affectent l’intégrité de la plastie et la stabilité du genou ? Questions qui devront trouver des réponses d'ici quelques jours.

MV.

Tegner Lysholm Knee Scoring Scale: Lien n°1 & Lien n°2

KOOS: Lien n°1

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