7.8.11

CCO versus CCF entre 8 et 14 semaines post-opératoire d'une ligamentoplastie LCA

Le GERAR rééduque régulièrement des patients ayant bénéficié d'une ligamentoplastie du LCA du genou. Notre prise en charge débute après la première semaine post-opératoire. La principale problématique est le mode de recrutement actif du quadriceps sur le genou opéré par rapport aux contraintes provoquées sur le LCA nouvellement reconstruit. 
En 2005, Perry et ses collaborateurs [1] ont réalisé une étude prospective comparative sur les effets du travail actif du quadriceps sur deux populations de patients entre 8 et 14 semaines post-opératoires d'une ligamentoplastie du LCA du genou ; l’une travaille en chaîne cinétique fermée (CCF ; n=25) et l’autre travaille en chaîne cinétique ouverte (CCO ; n=24). Il s’agit d’évaluer l’évolution de la laxité du genou et de sa fonction.
La population présentait plusieurs types de transplants : tendon rotulien avec agrafes, tendon rotulien os-tendon-os, droit-interne demi-tendineux. L’évaluation de la laxité à 8 et 14 semaines comportait 2 tests : un test de laxité passive avec Knee Signature System (KSS) en radio simultanée, un Lachman test avec « anterior tibial déplacement » (ATD) à 178 Newton.
La fonction du genou  était testée uniquement à 14 semaines post-opératoires sur trois séries de sauts : saut horizontal unipodal (côté sain et opéré ; pieds nus), saut vertical unipodal (côté sain et opéré ; pieds nus), saut à trois appuis alternés avec élan et chaussures.



Le protocole était réparti sur trois versants : le premier concernait le tronc commun de la rééducation, le second se concentrait spécifiquement sur les muscles du membre inférieur en dehors du quadriceps et enfin le troisième différenciait les deux groupes  CCF et CCO par le mode de recrutement actif du quadriceps.
Le tronc commun de la rééducation comportait 10 mn de vélo, du stretching et la kinésithérapie proprement dite était partagée entre du massage, de la mobilisation, de la proprioception concernant l'équilibre debout et des sauts.
En ce qui concerne la rééducation du membre inférieur opéré, les deux populations travaillaient les extenseurs de hanche et de genou du membre inférieur opéré en isotonique résisté. 
Enfin, le groupe CCF travaillait en presse unilatérale et le groupe CCO faisait de la chaîne ouverte résistée comme décrit ci-dessous :

- 3 séries de 20 répétitions maximums (RM)
- 2s concentrique et 2s excentrique à 45°/s avec 1 seconde de repos
- charge étalonnée suivant la douleur à l’EVA

Les résultats de cette étude ne sont pas concluants car ils ne donnent aucune différence significative entre les populations CCO et CCF que ce soit en laxité du genou ou en fonction (la moitié des sujets n’ont pas participé aux tests de sauts). 


L’avis du GERAR :

       Cette étude fournit beaucoup de détails sur le protocole, donnant des outils pratiques pour les chercheurs  débutants en rééducation. Les tests à 8 semaines et à 14 semaines ainsi que les exercices propres à chaque groupe sont décrits de façon à avoir une idée objective du protocole. Le GERAR ne veut pas manquer d'émettre un avis critique sur cet article. Il est intéressant de trouver à la fois un test spécifique du tiroir antérieur du genou et à la fois un test de fonctionnalité du genou. Dans la bibliographie référencée dans cet article, l’étude de Bynum (1995) [2] obtiendrait une différence significative avec le même type de protocole. Cela tiendrait au choix du test d’ATD non approprié et à un écart-temps de 6 semaines à 19 mois plus important. Toutefois, si le double test ATD et Lachman est judicieux, le choix de trois tests de sauts pour évaluer la fonction ne semble pas approprié pour plusieurs raisons. Le saut inclut plus le membre inférieur dans sa globalité que le genou proprement dit d’une part. D’autre part il est dommageable pour les conclusions de l'étude d’avoir un test réalisable simplement en bilan de sortie. Perry cite l’étude de Witrouw [3] qui compare les effets CCF et CCO sur le triple saut sur des patients atteints de douleurs patellofémorales pendant une période de 5 semaines : le groupe CCF évolue significativement mais le groupe CCO ne note aucune évolution. L’exercice du groupe CCO consistait à faire du quadriceps isométrique en fin d’extension.
       Afin de comparer les groupes CCF et CCO, un équivalent de la dépense énergétique et/ou un équivalent de la  charge de travail des exercices propres à chaque groupe permettrait de compléter l'interprétation des résultats d'étude. 

        Enfin, pour objectiver les effets CCO et CCF, il nous semble plus opportun d’alléger au maximum le programme de rééducation global afin de limiter son effet par rapport au programme spécifique. Les effets de la rééducation "classique" a pu être remise en cause par une étude de Hohmann (2011). Nos confrères d'Actukiné.com ont eu la sagesse de nous alerter à ce sujet sur un post du 20/07/2011. Il ne tient qu'à nous d'élaborer des protocoles en ayant le moins de biais possible pour interpréter nos résultats.


NS.

[1] PERRY Mark C., MORRISEY Mattew C., KING John B., MORRISSEY Dylan, EARNSHAW Peter. Effects of closed versus open kinetic chain knee extensor resistance training on knee laxity and leg function in patients during the 8- to 14-week post-operative period after anterior cruciate ligament reconstruction. Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc (2005) 13: 357–369.
[2] BYNUM EB, BARRACK RL, ALEXANDER AH (1995) Open versus closed chain kinetic exercises after anterior cruciate ligament reconstruction—a prospective random- ized study. Am J Sports Med 23:401– 406
[3] WITVROUW E, LYSENS R, BELLEMANS J, PEERS K, Vanderstraeten G (2000) Open versus closed kinetic chain exercises for patellofemoral pain—a prospective, randomized study. Am J Sports Med 28:687–694

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Printfriendly



Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...