Pour établir un bilan musculaire, le testing classique ou la périmètrie restent des évaluations insuffisantes dans la précision des résultats et leur reproductibilité.
Aujourd’hui, l’appareil d'isocinétisme est le moyen d’exploration musculaire de référence. Les tests isocinétiques ont pour but d’évaluer la fonction musculaire dans les mode isométrique, isotonique et surtout isocinétique que ce soit en concentrique ou en excentrique.
Croisier et son équipe de Sart-Tilman [1,2] ont détaillé les différents paramètres à prendre en compte lors d’une évaluation isocinétique. Il y a, d'une part, les données chiffrées de l’évaluation musculaire et, d'autre part, la courbe qui retranscrit la qualité du mouvement.
Aujourd’hui, l’appareil d'isocinétisme est le moyen d’exploration musculaire de référence. Les tests isocinétiques ont pour but d’évaluer la fonction musculaire dans les mode isométrique, isotonique et surtout isocinétique que ce soit en concentrique ou en excentrique.
Croisier et son équipe de Sart-Tilman [1,2] ont détaillé les différents paramètres à prendre en compte lors d’une évaluation isocinétique. Il y a, d'une part, les données chiffrées de l’évaluation musculaire et, d'autre part, la courbe qui retranscrit la qualité du mouvement.
Les paramètres chiffrés [1] : (Fig.1)
- Le moment de force maximum (MFM, peak torque), exprimé en newton-mètre (N.m), correspond au moment de force le plus élevé réalisé au cours du mouvement. Elle est la valeur de référence car elle présente une excellente reproductibilité.
- Le travail maximum (W), exprimé en joules (J), intègre la surface située sous la courbe. Il dépend directement de l'amplitude globale du mouvement.
- La puissance maximale (P), exprimée en watts (W), correspond au produit du MFM et de la vitesse angulaire (rad.s-1).
- Le rapport agonistes/antagonistes, par exemple pour le genou le rapport quadriceps/ischio-jambiers, exprimé en pourcentages, est calculé par le rapport des MFM aux vitesses angulaires sélectionnées.
- La différence bilatérale entre groupes musculaires homologues est calculée à partir des MFM.
Pour l'ensemble de ces paramètres, beaucoup dépendent du MFM qui est reconnu pour être le paramètre le plus reproductible. Les variations observées entre deux épreuves isocinétiques dépendent plus du sujet que de l'appareil. Cela reste à prouver mais l'apprentissage neuromoteur pourrait améliorer les résultats, à l'inverse la persistance de contractures, majorée en mode excentrique, diminuerait les performances.
Figure I : Exemple de courbe isocinétique sur le couple quadriceps/Ischio-Jambiers mettant en valeur les différents paramètres chiffrés.
|
Analyse des courbes [2] : (Fig. 2)
Les courbes isocinétiques représentent le MFM en fonction de l'amplitude du mouvement. Leur analyse permet de mettre en valeur des anomalies parfois révélatrices de certaines déficiences des contractions musculaires :
- Non superposition des courbes : une dispersion aléatoire indique une compréhension insuffisante du sujet. Une augmentation progressive indique un apprentissage inadapté, un échauffement incomplet ou une levée progressive des mécanismes d'inhibition. Une réduction progressive peut indiquer une pathologie subaiguë.
- Accident transitoire : la courbe présente deux pics bien distincts. Cela se révèle le plus souvent chez des sujets présentant des syndromes d'engagement et d'hyperpression rotuliens.
- Méplat : Ce méplat, s'observant sur prés de la moitié de la course angulaire, indique un déficit important du MFM du à un processus algique.
En conclusion, les paramètres chiffrés et l'analyse des courbes permettent une analyse très complète en terme d'exploration isocinétique.
Avis du GERAR :
Utilisateurs nous-mêmes d'un appareil d'isocinétisme, nous notons que le temps d'installation des sujets et le calibrage de l'appareil n'est pas négligeable. Ce à quoi il faut rajouter le temps d'explication au sujet du concept et de l'évaluation isocinétique. Le GERAR, qui travaille quotidiennement sur un appareil d’isocinétisme de type Biodex3(R), recommande donc de la patience pour tous les nouveaux utilisateurs. Cependant, ces évaluations isocinétiques donnent des repères quantitatifs et qualitatifs très précis. Elles permettent d'ajuster la rééducation en fonction de l'existence ou non de progrès. Voire, l'appareil peut être un outil de rééducation à proprement parler. Riche de ce rappel théorique, nous publierons prochainement sur l'isocinétisme et son application dans la pratiquer en rééducation. Un document vidéo sera produit à cet effet.
Je partage également votre point de vue, mais dans votre auto-critique vous semblez oublier un point essentiel qui est la possibilité de généralisation de cette pratique. Les appareils d'isocinétique coutent très cher et demandent une formation complémentaire pour des résultats optimaux. De plus, son utilisation ne peut être restreinte qu'à un petit groupe de patients au sein d'une institution, car comme vous le dite: l'évaluation isocinétique prend beaucoup de temps au patient ainsi qu'à l'évaluateur. Par contre, la dynamométrie pourraitt être explorée un peu plus en détail je pense. Elle est peu couteuse et facile à utiliser.
RépondreSupprimerLe problème de la dynamométrie est qu'elle possède certains biais à ne pas négliger: standardisation et reproductibilité des positions, force de l'évaluateur et difficulté d'analyse des résultats (qualité, quantité) même si certains sont très précis, pour ne citer que les plus évidents. Par contre il est certain que pour mesurer la force de petits groupes musculaires, l'utilisation du dynamomètre est conseillé. Son prix oscille quand même autour de 1500€.
RépondreSupprimerL'isocinétisme peut être utile et utilisé dans beaucoup de cas de rééducation/réhabilitation, dépendant de l'avis du MPR, du chirurgien, des objectifs de PEC et surtout de la motivation du patient.
La machine isocinétique n'en reste pas moins un dynamomètre, un dynamomètre imposant et couteux.
Merci en tout cas pour ce retour.
Pour les curieux une ancienne discussion sur actukiné.com:
http://www.actukine.com/A-part-le-testing-vous-mesurez-la-force-musculaire-comment_a119.html
Je n'ai pas étudié la question dans ses moindres détails (même si ça ne saurait tarder), mais je suis bien conscient que le dynamomètre présente lui aussi ses failles. Malgré tout je continue à penser qu'il serait plus facilement généralisable qu'un Biodex ou un Cybex pour diverses raisons: cout, temps, entretien, encombrement, facilité d'utilisation... Malgré tout, un Biodex trouvera bien sa place dans des centres de rééducation spécialisés ou des cabinets de groupes. Il s'agit d'un outil efficace et précis pour évaluer un muscle, surtout s'il est associé à l'EMG.
RépondreSupprimerNotre intérêt dans cette publication n'est pas de promouvoir un appareil plus qu'un autre. L'objectivation est notre fer de lance et l'isocinétisme rentre dans notre champ d'application de part les publications auxquelles il est soumis. Dynamomètre et autre testing restent, au grand malheur des kinésithérapeutes tel que moi, beaucoup moins pertinents.
RépondreSupprimerJe te remercie Manu tout de même pour tes remarques enrichissantes et t'encourage à monter une étude sur le dynamomètre.
Il était bien entendu que vos intérêts ne sont pas de faire de la publicité pour Biodex. En tout cas j'aimerais bien en apprendre un peu plus la dessus, avez vous des revues systématiques à ma conseiller? Faites vous partie de la communauté Mendeley?
RépondreSupprimerJe me renseigne de plus en plus concernant cette communauté (ou une autre) afin de partager mes articles et pense m'y inscrire.
RépondreSupprimerPeux tu nous envoyer ton mail via le mail du GERAR afin que nous puissions discuter d'autres choses que de l'iso.