Le detraining à long terme se définit par une période d'arrêt d'activité physique (AP) supérieure à 4 semaines. Cet arrêt provoque, comme le detraining à court terme, des effets délétères sur le métabolisme de base, les fonctions cardiovasculaires et les structures musculaires. [1,2,3]
Les fonctions cardiovasculaires :
Suite à un detraining long, on constate une diminution plus importante de la VO2max comprise entre 6 et 20%. Ces valeurs de VO2max semblent restées tout de même supérieures à celles retrouvées chez une population sédentaire. Parallèlement, on constate un déclin du volume ventilatoire maximale et du pouls d'O2 de plus de 10%. Il est également noté que les effets de l'AP joueraient un rôle bénéfique en pré-detraining de maintien de la VO2max.
Concernant le volume sanguin, on ne constate pas de réelle diminution supplémentaire par rapport au detraining court. Selon un même exercice maximal, la FCmax semblerait être touchée, avec une augmentation de plus de 5% après un detraining de 84 jours, la même augmentation est retrouvée pour des valeurs de FCss-max. Le temps de retour à une FC de repos post-exercice augmente nettement en fonction de la durée du detraining. Lors de protocoles training-detraining, on remarque une part importante de réversibilité pour la FCmax.
Le VES augmente au repos chez des athlètes après un detraining long et diminuerait lors d'efforts chez une population modérément entraînée. Le débit cardiaque suit la même tendance que le VES, par conséquent ces valeurs sont supérieures au repos après un période de detraining et inférieurs lors d'exercices physiques. Les études s’intéressant aux dimensions cardiaques sont contradictoires, il en est de même avec les valeurs de pression artérielle et de résistances périphériques. Ces contradictions semblent liées au niveau d'AP des individus testés, ainsi qu'à la durée du detraining.
Les performances d'endurance aérobie sont diminuées de plus de 20% chez des athlètes récemment entraînés en sport collectif et en natation. Le temps d'épuisement est également atteint plus précocement. Un retour aux précédentes performances a été démontré pour des sujets intégrant des études de training-detraining.
Métabolisme de base :
Après un detraining long, on remarque une utilisation préférentiel des substrats carbohydrates. La concentration en lactate sanguin augmente atteignant plus précocement, et ceci pour un même niveau de VO2, des concentrations supérieurs.avec une atteinte des niveaux antérieurs plus précoce pour une même VO2. Concernant la concentration en glycogène sanguin, peu d'études se penchent sur le sujet, même si on constate un retour aux valeurs post training assez rapide, lors de protocoles de training-detraining.
Les structures musculaires :
Les études chez des athlètes prouvent une absence ou très peu de changement de la capillarisation des fibres musculaires, bien que ces valeurs restent à plus de 50% supérieures à celle comparées à une population de sédentaire. La diminution de la différence artério-veineuse en O2 (d(a-v)O2) de plus de 8% serait à l'origine de la diminution de la VO2max chez des athlètes d'endurance aérobie. L'activité enzymatique, semble aussi être touchée, et de manière plus forte. Une diminution de 25 à 40% des enzymes dehydrogenase (responsables de la séparation d'un ou plusieurs ion H+ lors de transfert d'énergie) est remarquée chez des athlètes de sports collectifs.
Trait intéressant du detraining long, le niveau des enzymes mitochondriales baisse considérablement au sein des fibres lentes et augmente de plus de 50% dans les fibres rapides. Constat associé aux diminutions de la d(a-v)O2 et de la VO2max. Ce constat s'arrête aux seules enzymes oxydatives car les résultats sont hétérogènes concernant les enzymes glycolytiques. La production d'ATP au niveau des mitochondries est diminuée lors d'un detraining court et des résultats lors de detraining long n'ont pas été rapportés. L'auteur considère alors que cette production tendrait à faiblir durant des périodes plus longues d'arrêt d'AP.
Les caractéristiques musculaires des sujets subissant un detraining est très variable et semble être dépendant de l'AP ainsi que du niveau de l'individu dans sa pratique. En ce sens, on remarque une diminution de la section des fibres rapides (FT) et une augmentation des fibres lentes (ST) chez des athlètes pratiquant le bodybuilding ou de l'haltérophilie. L'inverse a été observé chez des rameurs (aviron), avec une diminution de plus de 15% de la proportion des ST. Cependant aucun changement n'a été constaté chez des footballeurs et des danseurs. Mais un large changement des FTa vers des FTb s'est remarqué chez des populations de coureurs et de cyclistes. De manière générale chez des individus ayant suivi un protocole de training-detraining, on remarque une diminution de la section des fibres couplée à une diminution de la masse maigre avec une modification des ST en FT.
Si l'on s'intéresse aux performances de force, on remarque une diminution de 7 à 12% apparentée à une baisse de l'activité électrique musculaire (en plus des observations précédentes). Il semblerait que les exercices musculaires en excentrique soient les plus efficaces pour maintenir les performances de force.
Comment lutter contre ce detraining lors de prise en charge en centre de rééducation lorsque le sportif ne peut reprendre son AP ? D'après les articles de la 1ère partie du detraining, il est souligné l'importance de l'intensité des exercices réalisés lorsque les entraînements sont moins importants lors de périodes telles que les inter-saisons, où même les périodes de rééducation. Des seuils d'intensités inférieures (de -20 à -30% pour une population d'athlètes et de -50 à 70% pour une population récemment entraînée) empêcheraient à l'individu de subir l'impact d'un detraining. Les effets du « contre-transfert musculaire » ne sont pas à négliger ; L’entraînement du membre controlatéral (membre sain) par rapport au membre ipsilatéral (membre opéré par exemple) limiterait les effets du detraining musculaire sur le membre blessé (adaptations neuronales). D'autres méthodes semblent aussi jouer un rôle de maintien tel que le « cross training » valorisant la pratique d'une autre activité physique, autre que celle pratiquée majoritairement.
L'avis du GERAR :
Cette deuxième partie de Mujika [1] propose quelques éléments de réponses en plus de souligner les effets du detraining à long terme. Ces articles [1,2,3] proposent encore une bibliographie bien fournie qui, pour les plus curieux, permet un approfondissement conséquent dans le domaine du detraining. Il ouvre également cette deuxième partie sur la notion de réversibilité de ce phénomène même sur des périodes plus longue d'arrêt de l'AP.
Quelles sont les stratégies à mettre en place, lorsque l'arrêt de l'AP dépasse les 4 semaines ? Dans le cas d'un PEC en CRF, l'enjeu est alors de proposer alors une réhabilitation permettant une lutte contre les effets du detraining. Des cours collectifs de musculation membres supérieurs, de musculation au sol, des séances de réhabilitation à l'effort sur ergocycles à jambes (unipodal) et/ou à bras, circuit training sur appreils de musculation, etc... Autant d'exemples qui peuvent être des réponses pour lutter contre le detraining.
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