Le printemps dernier a eu
lieu une conférence assurant la promotion d’Equator Network – Enhancing the
QUality an Transparency Of health Research (http://www.equator-network.org/). C’est une initiative internationale visant à améliorer la fiabilité et
la valeur de la littérature scientifique dans le soin par la promotion de
rapports transparents et une plus large utilisation des recommandations de reporting.
Le but est de constituer un réseau international pour partager le travail de
groupes locaux depuis presque 15 ans.
Les collaborateurs
français de ce réseau avaient organisé ce rassemblement inédit en France au CHU
Georges Pompidou à Paris ; ayant pour thème « Improving reporting todecrease the waste of research ».
Cette journée
voulait présenter les différents déterminants et points de vue autour du
« gaspillage » en publication scientifique et médicale. Le GERAR veut
faire le focus sur certaines de ces interventions toutes disponibles en
vidéo/PPT sur leur site web. Malcom Macleod d’Edimbourg a présenté la
médecine translationnelle ; qui se définit par l’utilisation d’informations
d’un domaine de recherches pour guider les autres domaines de recherches. Il serait
indispensable de communiquer sur les méthodes de mesures et leurs paramètres
dans leur situation réelle d’expérimentation. Il évoque notamment l’utilisation
de la célèbre piscine de Morris dans les expérimentations sur souris.
La moitié des études menées avec cette méthode ne savent pas quelle taille
avait pu faire cette piscine ni à quelle température l’eau était portée, ni
même encore le nombre d’essai par jour et la période d’étude… Son actualité concerne
le collectif Camarades,
une association qui se spécialise sur l'assistance dans l’organisation d’une revue systématique
ou d’une méta-analyse sur les études animales.
Doug Altman d’Oxford
relatait l’interprétation faite aux études observationnelles. Par exemple une
étude portant sur des donneurs d’organes au bénéfice de personnes âgées.
L’étude n’arrive pas à conclure sur son hypothèse de départ et fait donc une
ouverture sur une projet d’étude secondaire à ce manque de résultat. Le média
Reuters, quand à lui, relaie l’information en affirmant que cette méthode de
don d’organes est totalement viable. Il insiste sur le fait que le temps de la
discussion serait le plus important si et seulement si les chercheurs reportent
de façon totalement transparente leurs méthodes et résultats. A propos de ce
type de problématique, Strobe statement est un collectif international qui promeut la transparence sur les
données d’études observationnelles et d’épidémiologie afin qu’elles puissent
être élevées à un meilleur standard.
Avis du GERAR :
Ce billet n’est pas du
tout exhaustif mais il communique sur le contenu apparent de cette journée.
Pour aborder cette problématique de publication plus transparente et donc plus
efficace pour le soin, il convient à l’image de cette journée de rassembler
tous les acteurs concernés dans la recherche médicale de l’opérateur d’étude au
rédacteur en chef d’un journal scientifique. Cette diversité associée à un
réseau structuré permettra cette mutualisation des savoirs indispensable pour
le progrès de la recherche et son application dans le soin.
Concernant le gaspillage
dans la recherche, Hervé Maisonneuve avait publié une série de posts précédantcette journée. Il essaie d’aborder plusieurs aspects de ce dit
« gaspillage » en recherche ; y’a-t-il cohésion entre chercheurs
et leurs bénéficiaires, le process de management des projets d’études,
l’accessibilité aux données sources.
Cette thématique n’est
pas sans rappeler le traitement de ces mêmes gaspillages dans le domaine
industriel dont les supposés précurseurs travaillaient chez Toyota. Leur but
était de ne plus produire en masse avec des stocks (comme le promouvait le
fordisme) afin que le modèle soit économiquement plus stable. Répondre à la
demande initiale des consommateurs était leur doctrine, le toyotisme.
Aujourd’hui cette méthode est plus connue sous le nom de Lean.
Elle a toujours pour but de réduire les gaspillages mais avec ce leitmotiv
d’être toujours plus économique ; conséquence : le conducteur qui
veut une voiture neuve devra attendre un délai de plusieurs mois... Ce bref
aperçu historique a pour but non pas de dénoncer la lutte contre les
gaspillages mais bien de mettre en évidence quelles sont les motivations de ce
process et si tous les acteurs y ont leurs place. Pour être simpliste un
gaspillage néfaste pour certains peut être une marge de manœuvre pour d’autres.
Le débat est
ouvert !
Que veulent les
patients ? que leurs soins coutent moins cher, qu’ils soient plus
efficaces ? Quels sont leurs déterminants ? Si le patient a toute sa
légitimité dans l’origine du soin, le soignant l’est tout autant comme
opérateur du soin.
Que veulent ces derniers ?
Quel doit être les enseignements tirés des publications scientifiques ?
L’avenir de la recherche se fera peut-être sur la constitution et la prévalence de collectifs mutuels soignants/patients… et n’espérons pas que sur la scène politique.
L’avenir de la recherche se fera peut-être sur la constitution et la prévalence de collectifs mutuels soignants/patients… et n’espérons pas que sur la scène politique.
NS.
Pour en savoir plus sur le Lean management dans le soin :
Ulhassan W, von
Thiele Schwarz U, Thor J, Westerlund H. Interactions between lean management
and the psychosocial work environment in a hospital setting - a multi-method
study. BMC Health Serv Res. 2014 Oct 22;14(1). Accès résumé
Bonne analyse de la journée Equator, mais il faudrait une journée pour résumer ! L’objectif d’Equator est de répertorier sur leur site tous les reporting guidelines (lignes directrices pour publier des recherches). Il y a environ 200 lignes directrices dans les domaines de la recherche humaine, animale et biologique. Ces lignes directrices s’accompagnent de checklists qui reprennent tous les éléments à expliquer dans un article de format IMRaD (Introduction, Méthods, Results and Discussion), selon la méthodologie et le domaine de l’étude. L’objectif est d’améliorer la qualité des publications qui sont toujours incomplètes… Ces lignes directrices facilitent la rédaction des articles, mais attention, ce ne sont pas des grilles d’analyse des articles !
RépondreSupprimerCe mouvement est proche des mouvements pour améliorer la recherche et diminuer les gaspillages. Les leaders d’opinions sont les mêmes, ou se connaissent bien et collaborent. Mais la publication n’est qu’un des aspects du gaspillage qui commence dès les idées et allocations de ressources, la mise en place des recherches (mauvais protocoles, autorisations interminables), la conduite des recherche (falsification, embellissement, fabrication des données), l’analyse des recherche et la communication, dont la publication.
Ceci va de pair avec des publications comme celle de JP Ioannidis en octobre 2014 dans PLOS Medicine, avec un titre ‘How to make more published research true’, soit ‘comment publier plus de recherches vraies’ !!!! http://www.h2mw.eu/redactionmedicale/2014/10/rendre-ma-recherche-vraie-bonnes-suggestions-de-j-ioannidis.html Ce que propose Ioannidis est simple, mais rarement suivi entièrement pour une recherche : collaboration, réplication, enregistrement des protocoles et données sources, partage, reproductibilité, gestion des conflits, statistiques appropriées, définitions communes, seuils raisonnables avent de déclarer ‘innovation’, améliorer les méthodes, les analyses, le peer-review, la publication, et mieux former les chercheurs… tout un programme ambitieux !
Merci Hervé pour votre complément d'information nécessaire
RépondreSupprimerIl reste que la recherche difficilement accessible aux bénéficiaires
Comme la publication se conçoit à l'échelle industrielle il convient de considérer peut être le gaspillage sur toute la chaîne de production jusqu'au consommateur .
Sans ça, le gaspillage sera de concentrer sur ces gaspillage...partiels